Les gangs contrôlent déjà un tiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon le CLIO

Le Cadre de liaison inter-organisations (CLIO), regroupant pour le moment 71 organisations nationales et internationales, se dit très préoccupé par la « profonde crise » que traverse le pays depuis trois ans où un tiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est déjà contrôlé par des gangs. Pour éviter au pays de plonger dans plus d’instabilité, d’incertitude, d’insécurité pouvant provoquer une exacerbation de la pression économique, le CLIO appelle tous les acteurs de la société haïtienne à une action citoyenne responsable pour la restauration de l’ordre constitutionnel.

Insécurité alarmante avec des actes de kidnapping, des massacres de civils, des assassinats ciblés, des affrontements entre gangs, des indicateurs de développement humain très bas, des violations de droits humains sans oublier l’impunité totale, le Cadre de liaison inter-organisations (CLIO), composé de 71 organisations nationales et internationales, décrit un panorama sombre de la zone métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPP) depuis tantôt trois ans (été 2018). Le CLIO dit craindre que « l’assassinat du président ne plonge le pays dans plus d’incertitude et d’instabilité et ne vienne aggraver la situation d’insécurité, notamment avec de nouveaux quartiers qui tombent sous la domination des gangs alors que ces derniers contrôlent déjà un tiers de la ZMPP ».

Selon le CLIO, les premiers affectés de la profonde crise politique, sociale, économique et morale que traverse Haïti depuis trois ans sont les membres de la population haïtienne. Le CLIO explique d’une part que « plus de la moitié de la population haïtienne continue de vivre sous le seuil de pauvreté » et d’autre part, que « le pays compte aujourd’hui environ 18 100 déplacées internes dont 14 700 l’ont été ces quatre dernières semaines, symbole de la flambée de violence et de l’insécurité actuelle ». Ces déplacés, dit-il, qui se sont réfugiés « au Centre sportif de Carrefour, à l’église St-Yves ou encore à Delmas 103 pour y vivre dans des conditions déplorables et inacceptables », n’ont toujours pas été relocalisés.

Ainsi, face à cette situation, « le CLIO appelle tous les acteurs concernés, étatiques ou non étatiques, à sécuriser les droits de base de tous les citoyens sans distinction, à garantir l’accès humanitaire ainsi qu’à respecter le mandat des organisations œuvrant dans ce domaine ». Pour le CLIO, « les différentes forces politiques nationales » devraient « travailler ensemble pour un retour rapide à l’ordre institutionnel à travers les mécanismes constitutionnels existants afin de soutenir les efforts socio-politiques de stabilisation du pays ».

Que faire pour sortir pays de cette impasse socio-politique ? Le CLIO estime que « toute sortie de crise va dépendre de la volonté et des choix des différents acteurs de la société haïtienne ». Outre cela, le CLIO dit croire « que les conditions actuelles font appel à une action citoyenne responsable, et à l’accompagnement de la communauté internationale tout en évitant l’ingérence pour la restauration de l’ordre constitutionnel en Haïti ».

Parlant d’ingérence, plusieurs personnalités et organisations politiques estiment que c’est la communauté internationale (Core Group) qui tient les rênes du pays en ce qu’elle avait appelé le Premier ministre désigné par le feu et ancien président Jovenel Moïse, Ariel Henry, à former son gouvernement au moment où la Commission nationale pour une solution haïtienne à la crise était en pleine conférence. D’après la Commission, la 2e séance de la Conférence citoyenne, prévue initialement pour ce mercredi 28 juillet 2021, a été reportée à la fin de la semaine. « Cette décision, dit-elle, a été prise afin de laisser la priorité à la journée de célébration de la vie organisée par plusieurs organisations à la mémoire des victimes des massacres ».

Wisly Bernard Jean-Baptiste

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