Gonaïves : assez !

Le 1er janvier 2022 a été pour beaucoup une photographie du niveau de l'insouciance de nos chers hommes d'État. Alors que le monde entier rendait hommage aux valeureux soldats qui ont, par leur sang versé, redéfinir le mot « humain », la ville des Gonaïves, capitale de la proclamation de la liberté, s'est prêtée au jeu malin coquin de certains hommes politiques qui se disputent les privilèges et le monopole du pouvoir. Du moins ce qui en reste. Un événement malheureux qui a causé d'énormes préjudices à la population civile et occasionné au moins un mort et deux blessés graves.

Les événements survenus dans la Cité de l'Indépendance ce 1er janvier 2022 soulèvent encore beaucoup d'indignation au niveau de la population. Les espaces de débats proposés par certaines salles des nouvelles lèvent les rideaux sur un mal peut-être plus profond. Une société manipulée et polarisée. Chacun s'exprime, non sans dégoût, selon vers qui ses critiques sont formulées. D'un côté ceux qui dénoncent la main mise de certains sur la ville et de l'autre ceux qui fustigent le gouvernement jusqu'à questionner la légitimité et la qualité du Premier ministre à venir dire un discours à l'occasion de la commémoration de notre 218 ans d'Indépendance.

 

Le Premier ministre Ariel Henry, contraint de laisser la ville en toute vitesse sous les crépitements de rafales d'armes automatiques dénonce, dans les colonnes de France 24 et RFI, une tentative d'assassinat sur sa personne. De pareilles excuses que les hommes de Raboteau pourraient eux aussi dénoncer s'ils n'étaient pas trop occupés à revendiquer la victoire. La Primature informe pour sa part l'émission des mandats contre les suspects et complices de ce qu'elle appelle une tentative d'assassinat. Entre-temps, aucune autre information n'a été communiquée sur le bilan définitif des victimes de ces affrontements.

 

Au grand désarroi de Charlito LOUISSAINT, professeur de français et de littérature qui explique pour Le National comment il a vécu ce 1er janvier 2022 : « J’ai vécu ce moment dans la plus grande tristesse et dans la douleur. La politique par les luttes fratricides qu’elle occasionne pour le contrôle du pouvoir a encore eu le mauvais maître mot. Ma Gonaïves natale a perdu (on ne les compte plus) une énième occasion de rappeler au monde entier que c’est elle la ville matrice de la liberté des Noirs et des peuples opprimés ; la ville vitrine de l’égalité entre les hommes et les races », se lamente-t-il.

 

Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que de telles déconvenues arrivent dans la Cité de l'Indépendance. En 2004, alors que le pays s'apprêtait à commémorer ses 200 ans d'indépendance, le cortège du président Jean Bertrand Aristide a été  pris d'assaut en revenant de la place d'armes par les hommes armés de Deschaos qui étaient, jusqu'au moment du déferlement de tirs sur son cortège étaient de fidèles alliés. On se souvient peut-être pour longtemps du fameux « Yo tire sou nou. Nou tire sou yo tou » du père Sauvaget, quelques moments après l'attaque.

 

On ne saura peut-être jamais les véritables intentions qui motivent nos chers hommes et femmes politiques haïtien.ne.s en voulant jauger leur courage, font courir des risques à la population sans aucun égard. Quoi qu’on dise de Jovenel Moïse, il a le mérite d’avoir adopté la position complémentaire quand il le faut pour éviter ces genres de drames.

 

 

Lesly SUCCÈS

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES