Insécurité: le pays compte en moyenne 200 groupes armés, selon le CARDH

Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l'homme ( CARDH ) a publié son rapport annuel sur l’état des droits humains en Haïti. L'objectif dudit rapport est d'évaluer les différents efforts des autorités concernées relativement à l'obligation qu'elles ont de faire respecter et de protéger les droits humains dans le pays. Le CARDH indique mêmement la suprématie des gangs armés et l'accroissement de la criminalité qui entravent la sécurité de tous les citoyens et secteurs de la République. Pour l'année 2021, il dit avoir recensé 949 cas d'enlèvement, dont 55 concernent des ressortissants étrangers.

À cet effet, « l’état des droits humains » est basé sur les travaux entrepris par le CARDH tout au long de l’année. Certains aspects sont complétés par des enquêtes de terrain pour approfondir des informations sur la véracité de certains faits rapportés et par des autorités. Les droits humains impliquent à la fois des droits et des obligations. « En outre, le droit international impose aux États l’obligation de les respecter, de les protéger et de les mettre en œuvre. Respecter les droits humains signifie que l’État doit éviter d’intervenir ou d’entraver leur exercice, les protéger signifie que l’État doit préserver les individus et les groupes vulnérables contre les violations de leurs droits, les mettre en œuvre signifie que l’État doit adopter des politiques pour faciliter leur exercice.

 

Suivant le CARDH, la situation des droits humains en 2021, en Haïti, est d’abord marquée par le dysfonctionnement des trois pouvoirs symbolisant à un certain niveau l’effondrement de l’État, auquel il incombe les obligations de respecter, de protéger et de mettre en œuvre les droits humains.

État des lieux : Pouvoir législatif

«  En ce qui concerne, les élections législatives non tenues en 2017 et en 2019 pour la 51e législature, et pour renouveler les deux-tiers du Sénat a occasionné le dysfonctionnement du Parlement le 13 janvier 2020. Actuellement, le Parlement compte seulement dix sénateurs, et le débat sur le terme de leur mandat le 2e lundi de janvier 2022 ou 2023 est déjà lancé. Une étude sera publiée le 4 janvier 2022 pour compléter la série rapports thématique du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) sur la controverse du mandat des élus. Ces dix sénateurs jouissent des privilèges prévus par la Constitution, mais ne peuvent rien faire dans un contexte où la population est enfoncée davantage dans la misère », peut- on lire dans ce rapport.

Parallèlement, les responsables font à allusion aux gangs qui maintiennent leur hégémonie dans les territoires contrôlés et continuent à massacrer la population.  Le gang de Grand Ravine a mis le feu au commissariat de Matissant et y a hissé le drapeau américain. Ce sont eux, qui décident de la vie et de la mort des citoyens. Le pays compte en moyenne 200 groupes armés. Certains travaillent avec des autorités exécutives et locales, des délégations, des vices-délégations, des membres.

Regard sur la corruption

« Du même coup, la corruption ronge la vie publique haïtienne et c’est l’une des causes de la pauvreté et du non-accès aux droits socio-économiques. Cette réalité est consolidée par l’impunité et la vassalisation des institutions, particulièrement la Justice, déjà faible, et les organes de contrôle. Durant les trente dernières années, aucun dossier emblématique de corruption n’a été traité par la Justice, et ceci de nombreux dossiers, soupçonnés de corruption par la clameur publique, ont été ignorés par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), d’autres sont traités discrètement», a signalé le CARDH, en rapportant également le dysfonctionnement de fait et de droit de la Justice qui occasionne une violation du droit d’accès à la justice et une augmentation du taux de détention préventive. D'une part, les conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles la population carcérale vit sont considérées comme un «refrain » chanté chaque année par les organisations de droits humains (nationales ou internationales). Et d'autre part la nourriture non vitaminée parfois avec des produits avariés de manière quasi irrégulière, personnes âgées maigres et sous-alimentées et crépissent à même le sol, entre autres. « Et pour cause, jusqu’au 29 septembre 2021, la population carcérale est estimée à 11.250 détenus, dont 9.236 en attente de jugement (82 %) et 2.014 condamnés (18 %). Pour l’année judiciaire 2018-2019, 643 personnes ont été jugées en audiences criminelles contre 226 pour celle de 2020-2021 », témoigne le CARDH

Droit à la vie

Le CARDH a recensé au moins 467 décès violents pour l’année 2021 contre 297 en 2020, dont 256 par balle (ces chiffres sont des indicateurs). Les affrontements entre les gangs à Martissant du 1er au 6 juin ont fait au moins plus d’une soixantaine de décès, dont une cinquantaine le 3 juin. « Tandis qu'à Cité Soleil et ses environs, on en a dénombré au moins une cinquantaine au mois de juin. La tuerie dans la nuit du 29 au 30 juin 2021, à Delmas 32, à Christ-Roi et à l’Avenue N et à Martissant a fait au moins 11 décès, dont Diego Charles, journaliste de Radio Vision 2000, et Marie Antoinette Duclaire, journaliste et militante », selon le rapport concernant l’état des droits humains en Haïti.

Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme ( CARDH ), à travers ces indicateurs présentés, montre que les droits humains se dégradent constamment et considérablement en Haïti. La démocratie et de l’État de droit apparent sont à nu. Le droit à la sécurité, au respect de l’intégrité physique, deviendrait une chimère, dans ce contexte où les gangs opèrent et kidnappent sur quasiment tout le territoire, torturent et violent atrocement les filles (une est déjà testée positive au VIH sida), tuent des femmes enceintes, des enfants et des vieillards, bloquent à leur guise la distribution du carburant occasionnant un dysfonctionnement social.

Vladimir Predvil

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