Notre pays a sans aucun doute besoin de leaders. Car dans la situation catastrophique dans laquelle nous nous enlisons, il nous faut des dirigeants qui frappent le poing sur la table et qui soient capable de donner un grand coup de balai dans le poulailler. Nettoyer les écuries d’Augias a été une tâche insurmontable, mais il faudra bien que ce pays trouve celui qui s’attèlera au moins à nettoyer nos écuries à nous.
Nous ne pouvons pas être dans cet état misérable, si misérable que notre voisin dominicain se moque de nous, pour que le peuple haïtien continue à accepter que ses maigres ressources soient dilapidées par une clique d’individus qui ont toujours considéré la caisse publique comme leur bien personnel. Une clique constamment renouvelable, sans aucune attache avec cette terre, qui manifeste toujours son mépris pour la population et qui ne fait année après année que reproduire des pratiques, proposer des solutions qui prouvent comment notre système scolaire a produit, n’ayons pas peur des mots, des crétins dangereux, c’est-à-dire des individus ayant été capables par la mémorisation de se faire passer pour intelligents, mais incapables de la moindre réflexion, du moindre processus logique, donc inaptes à s’attaquer aux problèmes réels.
Quand tout cela se greffe sur notre conception médiévale du pouvoir et le mépris du pays, on comprend ce que cela donne comme cocktails destructeurs pour une nation.
Alors que la population est terrassée par son épouvantable quotidien, quand l’avenir de nos enfants semble totalement hypothéqué, quand de plus en plus de nos compatriotes sont prêts à tout braver pour prendre le large, nos dirigeants ne se montrent pas encore à la hauteur des défis. Un système, un État qui font que notre drapeau ne représente plus rien. Un système et un État qui font que notre passeport est regardé avec dédain quand un compatriote se présente à certains postes-frontières à l’étranger.
Peut-on être autorité, si on n’est pas le porte-parole de ces centaines de milliers de chômeurs qui sont dans nos rues ? Peut-on être autorité si on ne comprend pas la douleur de nos compatriotes de la diaspora qui suent sang et eau pour envoyer quelques centaines de dollars chaque mois à leur famille en Haïti ?
Non ! Ce pays a besoin des hommes d’État capables de frapper le poing sur la table, qui chassent les vendeurs du temple de la nation et qui redonnent au travail, à la créativité, à l’ honnêteté, à l’amour du pays, la place qui leur revient de droit.
La Rédaction