Dialogue de sourds

Dialogue impossible entre les dirigeants, les partis politiques et d’autres acteurs de la société civile haïtienne pour trouver une entente sincère et durable, dans l’intérêt de la population dans sa globalité et pour l’avenir de leurs enfants et petits enfants qui voudront visiter le pays de leurs grands-parents un jour.

Déficit de confiance entre tous ces acteurs qui reviennent souvent autour de la table que pour boire et manger. Ici, personne ne veut prendre le risque de tout perdre dans leurs assiettes,  ou de trop perdre dans leurs verres, dans ces parties de négociations tenues au nom des plus affamés de bien-être qui composent la majorité de la population. Steve Lambert nous rappelle souvent que: « Le danger de vouloir toujours avoir raison est que personne d’autre ne partage ta vision ».

Dans une citation cette fois-ci de Jules César, on retient que : « Le danger que l’on pressent, mais que l’on ne voit pas, est celui qui trouble le plus. ». Que nous réservent les jours, les semaines et les mois à venir en Haïti, avec le rythme galopant de l’insécurité qui fait tellement peur ? Faut-il attendre la voix du nouveau blanc ou qu’un autre  blanc séjournant au pays  soit victime pour que l’on ferme ce robinet de sang ?   

Désespoir chez pratiquement tous les jeunes du pays, qui sont prêts à tout faire pour trouver une nouvelle terre d’accueil pour réaliser leurs rêves orphelins, face à cette situation économique difficile, et cette absence de programme d’intégration réelle dans la vie économique. Qui a dit que la majorité des actes de violence ces derniers temps sont commis tant dans les quartiers de non-droit et dans les rues par des jeunes désespérés et désorientés, détournés de leurs rêves et déçus de tout ce qui tourne autour d’eux dans ce pays ?

Deuil en cascade dans les familles de la zone métropolitaine comme dans les autres villes du pays, où pratiquement personne n’est à l’abri.  Entre les crimes, les manques de services d’urgences, les attaques, les cas  répétés de kidnapping, les accidents de la route et les dommages collatéraux de toutes sortes au passage des cortèges et des motos, on tente de justifier l’impossible, l’impensable, l’intolérable, l’impardonnable et l’institutionnalisation de la victimisation dans le pays.   

Duels dans les hauteurs entre les grands patrons et leurs monopoles. Dans les quartiers les plus pauvres du pays,  pour  des miettes des amis et des voisins  du même quartier,  et les leaders des autres quartiers s’entretuent malgré les souvenirs d’enfance qui nourrissaient leurs passions pour le sport et d’autres loisirs et activités communautaires.  

Déception totale chez d’autres  citoyens et des professionnels qui ont fait le choix de rester et de vivre dans ce pays, qui se transforme de plus en plus comme un véritable enfer. Plus d’un réalise aujourd’hui la pertinence de  la réflexion de Georges Meredith, qui disait que : « Fermer les yeux devant le danger, c’est se donner en proie et renoncer à son libre arbitre. »

Demain n’est certain pour personne. Dieu ou/ou les esprits ancestraux seuls savent comment le soleil se lèvera sous le ciel gris et sombre d’Haïti, avec des nuages qui écrivent visiblement et lisiblement le danger sur tous les toits aux quatre saisons. Danger pour cette génération qui croit encore dans le renouveau de cette terre.

 

Dominique Domerçant

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