Les meurtrières futilités

Quel étonnement quand on voit des personnalités apparemment respectables prendre part à des exercices dont la futilité est évidente, méchante et à la limite meurtrière ! Ce matin mardi  de Fontamara à Thor et même plus loin, les gangs ont montré leur puissance en bloquant toute vie dans ces quartiers. Il a été impossible pendant des heures aux parents de récupérer leurs enfants bloqués dans des écoles. Tout autour de la capitale, assiégée dans les faits, les bandits tissent leur toile. Les opérations de la police ressemblent à des coups d’épée dans l’eau. Le mal est profond. Les gouvernements précédents ont pourri tout l’appareil étatique dans l’objectif certain de maintenir au pouvoir une équipe qui s’est qualifiée de bandits légaux. Il y avait toujours des bandits légaux, mais avant ils ne s’affichaient pas de la sorte.

 

Pour l’instant, nous sommes au stade de ces futilités, réunions et débats ou des personnalités semblent venir prendre du bon temps et disserter du sexe des anges. Des élections ne peuvent se tenir dans l’état actuel des choses que si les bandits légaux ont la certitude de rester en selle. Or, rien n’est prévisible quand on déclenche un processus électoral surtout que l’étranger, souvent maître du jeu,  n’éprouve aucun scrupule à se débarrasser de ses domestiques les plus accomplis quand il le juge pour lui nécessaire. Alors la seule solution, si rien ne bouge sensiblement, est de laisser les choses en place, de faire passer le temps, de lancer des opérations cosmétiques contre les gangs qui de toute manière ont trop de ramifications au sein des pouvoirs et de prévoir des activités censées préparer le terrain électoral. Plein de personnes se prêtent à ce jeu de coquins, meurtriers pour la nation, pour quelques dollars de plus et de la bonne bouffe.

Le pays est vide de dirigeants et les esprits éclairés ont peine à se faire entendre. Or, il faut de la lumière pour chasser les ténèbres. Des ténèbres qui s’étalent en plein jour quand des écoliers sont obligés de se mettre à plat ventre dans leur salle de classe pour ne pas être atteints par une balle perdue. Le traumatisme de ses enfants sera difficilement surmontable, car ici  qui se soucie de la santé mentale de notre jeunesse. On est à fond dans un jeu de voyous dont les objectifs sont pavés de folie. On se bat dans la boue, dans un environnement à l’extrême limite de la décrépitude, ou les montagnes d’ordure deviennent le seul horizon. L’argent va se faire de plus en plus rare et les bandits risquent un jour de se transformer en vampires pour se nourrir du sang de la population. Ceux qui ont distribué les armes continueront de se  la couler douce dans les hauteurs ou à l’étranger.

 

Mais il sera difficile à la longue à ceux qui écrivent cette comédie et à ceux qui les soutiennent d’aller jusqu’où ils le souhaitent. L’histoire a sa dynamique et quand les tiques vous collent trop à la peau, des fièvres peuvent avoir raison de vous. Il faudra bien un jour changer de paradigme. On est bien au centre de la Caraïbe. Certains cancers demandent un traitement de choc. On l’administrera forcément à Haïti, que les médecins soient nationaux ou étrangers.

 

Gary Victor

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