Haïti, «fille malade» des Caraïbes

La révolte populaire contre l'insécurité ouvre une fenêtre d'opportunités pour que les dirigeants agissent au plus vite. En effet, on constate un net recul du nombre d’enlèvements depuis que la population a décidé, face à l’inefficacité de la force publique, de sévir elle-même contre les ravisseurs. Peu à peu, la vie reprend et Port-au-Prince, ville martyre, entre en convalescence.

 

Mais l’apparence peut souvent être trompeuse : le terrorisme est une hydre à plusieurs têtes que le volontarisme populaire ne saurait combattre seul. La lutte contre la violence par des gens non entraînés a ses limites à long terme. Il faut des professionnels bien équipés pour venir à bout des bandits aguerris et sans foi ni loi. Même si on doit reconnaître que le ras-le-bol du peuple et sa légitime levée de boucliers ont boosté nos agents de l’ordre qui, du coup, n’entendent pas se laisser voler la vedette dans leur propre domaine.

 

On ne peut que saluer l'incroyable énergie déployée par nos vaillants policiers pour faire front uni avec la population contre ce mal absolu. Quelques résultats sont obtenus çà et là, mais la route est encore longue, très longue. Le pays est coincé dans une spirale de violence, et plus d'un demi-million d’Haïtiens ont déjà appliqué pour le programme de migration humanitaire du président Joe Biden.

 

Le Haut conseil de transition (HCT) a eu son forum sur la sécurité avec des absences notoires. Mais bon an mal an, il est arrivé au bout des deux jours d'assises à pondre un document. Maintenant «action», comme on dit sur les plateaux de tournage. Les discussions sont nécessaires avant toute prise de décision, mais il faut savoir passer vite à l’action.

 

Le 18 mai dernier, le Premier ministre Ariel Henri a promis de corriger son «cahier» de charges, reconnaissant, au passage, de nombreuses erreurs qu'il n'a pas nommées. Comme il s'agit d'une autocorrection, et qu’aucune autre instance de contrôle n’existe, nous ne pouvons que souhaiter qu’elle soit la plus sincère et surtout la plus rapide possible. Il ne s'agit pas pour lui comme pour son gouvernement d'entrer à reculons dans l'Histoire. Comme disent les enseignants, «il peut et doit faire mieux». Et l'une des «matières» à travailler est la capacité à travailler en équipe élargie, une faculté qui nous fait tant défaut !

 

Roody Edmé

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