Guerre en Ukraine : 7 millions d’enfants menacés par les destructions dans le secteur de l’énergie, prévient l’UNICEF

0
1999

Les frappes russes visant les infrastructures énergétiques ukrainiennes ont laissé « presque tous les enfants ukrainiens, soit près de sept millions d’enfants » sans accès durable à l’électricité, au chauffage et à l’eau, au moment où les températures hivernales continuent de chuter dans le pays, s’est alarmé mercredi l’UNICEF.

Privés d’un accès stable à l’électricité, au chauffage ou à l’eau, « les enfants sont non seulement confrontés à un froid extrême – les températures hivernales peuvent descendre en dessous de -20 °C - mais sont également incapables de profiter des possibilités d’apprentissage en ligne qui sont le seul moyen d’accès à l’éducation pour de nombreux enfants, alors que tant d’écoles sont endommagées ou détruites », a mis en garde dans un communiqué le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

En outre, les établissements de santé peuvent être dans l’incapacité de fournir des services essentiels, et les systèmes d’approvisionnement en eau défectueux augmentent les risques déjà extrêmement élevés de pneumonie, de grippe saisonnière, de maladies d’origine hydrique et de Covid-19.

« Des millions d’enfants sont confrontés à un hiver sombre, blottis dans le froid et l’obscurité, avec peu d’idée de comment ou de quand un répit pourrait arriver », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.

 

L’hiver aggrave la situation psychosociale des enfants

L’intensification des attaques en octobre a détruit 40% de la production d’électricité de l’Ukraine, exposant davantage les familles aux conditions hivernales difficiles, ayant un impact sur les moyens de subsistance et augmentant la probabilité de nouveaux mouvements de population importants. Malgré les réparations en cours, le système énergétique ukrainien n’a pu couvrir que 70% du pic de demande de production d’électricité, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

« Les règles de la guerre sont claires - les enfants et les infrastructures civiles essentielles dont ils dépendent pour survivre doivent être protégés », a ajouté Mme Russell.

Par ailleurs, l’agence onusienne craint que l’hiver maussade aggrave la situation psychosociale des enfants, qui sont déjà confrontés à une crise de santé mentale imminente. Selon l’UNICEF, 1,5 million d’entre eux risquent de souffrir de dépression, d’anxiété, de troubles de stress post-traumatique et d’autres troubles mentaux.

« Au-delà de la menace immédiate créée par les conditions de froid, les enfants sont aussi privés de la possibilité d’apprendre ou de rester connectés avec leurs amis et famille, mettant en grand danger à la fois leur santé physique et mentale », a fait remarquer la cheffe de l’UNICEF.

 

Un plan d’action humanitaire 2023 de 1,1 milliard de dollars

Alors que les zones précédemment touchées par de violents combats deviennent accessibles, l’UNICEF a commencé à distribuer des kits de vêtements d’hiver, des chauffe-eau et des générateurs sur la ligne de front et dans les zones nouvellement accessibles des oblasts de Kharkiv, Kherson et Donetsk. A ce jour, plus de 20 millions de dollars de fournitures pour l’hiver ont été achetés.

L’agence onusienne a été en mesure de fournir un accès aux soins de santé primaires dans les installations soutenues par l’ONU et par le biais d’équipes mobiles à près de 4,9 millions d’enfants et de femmes en Ukraine. Plus de 4,2 millions de personnes ont pu avoir accès à l’eau potable.

Pour son plan d’action humanitaire pour les enfants 2023, l’UNICEF a besoin de 1,1 milliard de dollars pour répondre aux besoins immédiats et à plus long terme de 9,4 millions de personnes, dont 4 millions d’enfants, qui restent profondément marqués par la guerre en Ukraine.

 

Les ménages du monde rural de plus en plus touchés par la guerre

De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué qu’après neuf mois de guerre en Ukraine, les ménages ruraux sont de plus en plus affectés par le conflit et beaucoup sont contraints de réduire ou d’abandonner leurs activités agricoles.

D’après une évaluation à l’échelle nationale, plus d’un répondant sur quatre a déclaré avoir réduit ou cessé sa production agricole.

Les résultats de cette enquête sur les ménages ruraux détaillent l’impact de la guerre sur l’agriculture et les moyens d’existence ruraux en Ukraine. Certains oblasts (régions), dont Sumska, Dnipropetrovska, Odeska, Chernihivska et Mykolaivska, font état de chiffres plus élevés, avec plus de 40% des ménages ruraux de ces régions.

« Le secteur agricole ukrainien est une source importante de moyens de subsistance pour les quelque 13 millions d’Ukrainiens qui vivent dans les zones rurales. Alors qu’environ deux tiers de la production agricole sont réalisés par des entreprises, les ménages ruraux produisent environ 32% », a déclaré Pierre Vauthier, chef du Bureau de la FAO en Ukraine.

Près de 5.200 personnes ont été interrogées par l’enquête sur les ménages ruraux, pour mieux comprendre la situation et les besoins actuels en matière d’agriculture et de moyens de subsistance, en particulier dans la perspective de la prochaine saison hivernale.

 

Une baisse des revenus des ménages ruraux

Plus largement, l’impact de la guerre sur le système de production, caractérisé par des perturbations des chaînes de valeur et d’approvisionnement et la volatilité des prix, a entraîné des répercussions sur la population rurale. Selon la FAO, cela souligne leur interdépendance avec l’économie agricole du pays.

Si les effets de la guerre sont plus marqués dans les oblasts situés le long de la ligne de front, ils sont aussi largement ressentis dans le reste du pays. Mais l’augmentation des coûts de production agricole, tant pour les cultures (72% des ménages) que pour l’élevage (64% des ménages), due à la guerre, a été largement ressentie dans tout le pays.

Dans ces conditions, plus de la moitié des ménages ruraux ont signalé une baisse de leurs revenus dans tout le pays, par rapport à la même période l’année dernière. Dans les oblasts de la ligne de front, cette tendance était plus accentuée : Sumska -67%, Mykolaivska -65%, Donetsk -63%, et Zaporijjia -63%. Les déplacés internes et les rapatriés sont plus touchés par la baisse des revenus.

Comme la guerre persiste, la situation actuelle risque de se « détériorer davantage ». Avec l’arrivée de l’hiver et la possibilité de nouveaux déplacements internes vers les zones rurales, les capacités d’adaptation de la population rurale risquent d’être progressivement mises à rude épreuve.

 

Plus de la moitié des dépenses totales des ménages ruraux consacrée à la nourriture

En attendant, plus de la moitié des ménages ruraux interrogés ont déclaré avoir consacré plus de la moitié de leurs dépenses totales à la nourriture entre juin et septembre 2022. Dans les oblasts de la ligne de front, près d’un répondant sur cinq (18%) a déclaré avoir consacré plus de 75% des dépenses totales de son ménage à la nourriture. Dans l’ensemble du pays, ce chiffre était d’environ 14%.

En moyenne au niveau national, environ 57% des ménages interrogés ont adopté « des mécanismes d’adaptation négatifs ». Il s’agit de dépenser leurs économies et d’emprunter de l’argent, en vendant des actifs productifs, en réduisant leurs dépenses de santé ou en diminuant leurs dépenses en engrais, pesticides, aliments pour animaux et soins vétérinaires.

Le rapport note que le soutien à la production alimentaire des ménages ruraux est un moyen d’atténuer les impacts négatifs de la guerre sur leur sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance, et améliorera et maintiendra également les capacités d’accueil des ménages ruraux. « La revitalisation et le maintien du secteur de l’agriculture à petite échelle renforceront et garantiront la contribution des ménages ruraux au système agricole général et amélioreront les avantages auxquels ils peuvent accéder en retour », fait valoir l’agence onusienne basée à Rome. 

 

ONU

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES