Taïwan dénonce l'intrusion de 71 avions chinois lors de manœuvres militaires

Selon Taïwan, la Chine a déployé 71 avions de combat, dont 60 avions de chasse, lors d'exercices militaires menés près de l'île ce week-end. Il s'agit de la troisième incursion la plus importante jamais enregistrée. 

C'est l'une des plus grandes incursions quotidiennes menées par la Chine à Taïwan à ce jour. Pékin a déployé 71 avions de combat, dont des drones et des avions de chasse, lors de manœuvres militaires ce week-end autour de Taïwan, a indiqué lundi 26 décembre le ministère de la Défense de Taipei.

Dans un message publié sur Twitter, le ministère de la Défense de Taïwan a indiqué que 60 avions de chasse avaient pris part aux exercices, dont six SU-30, parmi les appareils les plus perfectionnés de la Chine.

Dans cette mise à jour quotidienne, Taïwan indique en outre que 47 de ces avions ont pénétré dans la zone de défense aérienne (ADIZ) de l'île démocratique autonome, ce qui constitue la troisième incursion quotidienne la plus importante enregistrée, selon la base de données de l'AFP.

La Chine a déclaré avoir mené dimanche des exercices militaires près de Taïwan, qu'elle revendique, en réponse aux "provocations" et à la "collusion" entre les États-Unis et les autorités de l'île. 

La Chine estime que Taïwan, peuplée de 24 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Elle voit avec mécontentement le rapprochement à l'œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui fournissent à l'île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies.

Sous la présidence de Xi Jinping, Pékin a intensifié la pression militaire, diplomatique et économique sur Taïwan à mesure que les relations se détérioraient.

 

Plus de 1 700 incursions en 2022

L'un des moyens de pression de plus en plus utilisés par la Chine consiste à survoler la zone de défense aérienne de Taïwan avec ses avions de guerre. Depuis le début de l'année, plus de 1 700 incursions de ce type ont été recensées, contre 969 en 2021 et 146 en 2020.

 

>> À voir aussi : Taïwan : jusqu'où ira le président chinois Xi Jinping ?

Pékin n'a pas précisé le nombre d'appareils mobilisés pour les exercices de dimanche, ni la localisation exacte de ces manœuvres.

Les données du ministère taïwanais de la Défense indiquent que la plupart des incursions concernaient la pointe sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ).  Certaines ont également franchi la "ligne médiane" qui longe le détroit de Taïwan et sépare Taïwan du continent. 

Les vols dans l'ADIZ sont considérés comme un moyen d'épuiser la flotte vieillissante d'avions de chasse taïwanais et d'étudier ses réponses défensives. Ces zones ne sont pas identiques à l'espace aérien d'un pays, mais englobent une zone beaucoup plus large, dans laquelle tout appareil étranger est censé s'annoncer aux autorités aériennes locales. 

L'ADIZ de Taïwan chevauche une partie de celle de la Chine et inclut même une portion du continent.

Les services de la présidence taïwanaise ont fait savoir que la présidente Tsai Ing-wen avait convoqué un conseil de sécurité de haut niveau mardi matin afin de discuter d'un renforcement du système de défense civile de l'île. 

"Plus nous nous préparons, moins nous sommes susceptibles d'être la cible de tentatives d'agressions en série. Plus nous sommes unis, plus Taïwan sera forte et en sécurité", a déclaré Tsai Ing-wen lundi lors d'une cérémonie militaire. 

 

La Chine dénonce "la collusion" entre Washington et Taipei

L'armée chinoise, l'Armée populaire de libération (APL) a déclaré que les manœuvres de dimanche étaient "une réponse ferme face au renforcement de la collusion entre les États-Unis et les autorités taïwanaises et de leurs provocations". 

Le rapprochement avec Washington, commencé sous l'ex-président américain Donald Trump, a contribué à tendre les relations sino-américaines, car les États-Unis se sont officiellement engagés à reconnaître le gouvernement communiste de Pékin comme seul représentant légitime de la Chine. 

Samedi, le ministère chinois des Affaires étrangères avait exprimé sa "ferme opposition" après l'adoption d'une loi américaine sur la défense, la "National Defense Authorization Act", qui autorise notamment 10 milliards de dollars d'aide militaire et de ventes d'armes à Taïwan.

Les autorités chinoises privilégient une "réunification pacifique" avec l'île mais n'ont jamais renoncé à l'emploi de la force pour la conquérir, notamment si elle déclare son indépendance.

 

France 24 avec AFP

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