Pawoli le festival de littérature haïtienne contemporaine revient pour un sixième tour de piste

Initié par le Centre Pen, Pawoli, le festival de littérature contemporaine revient dans le paysage littéraire haïtien pour un sixième tour de piste. Sur le thème « Quel avenir pour le métier de journaliste en Haïti », plusieurs activités parmi lesquelles : débats, conférences, causeries témoignages, ateliers et projections vont se dérouler à Port-au-Prince et dans le fief du festival, Gonaïves, la Cité de l’Indépendance. Du 23 au 26 mars 2023, la parole sera donnée entre autres à des professionnels de médias pour questionner et réfléchir sur le sens de la liberté de la presse en Haïti. Le National a rencontré Leslie Succès, tête pensante de cette activité. Il explique à nos lecteurs tous les détails de cette sixième édition. Entretien.

Le National : Les organisateurs du Festival Pawoli mettent le cap sur la 6e édition pouvez vous présenter pour les lecteurs du journal Le National et le public cette activité ?

Leslie Succès : Le Festival Pawoli est le nom donné à ce festival de la littérature haïtienne contemporaine. C’est une initiative du Centre PEN qui se donne comme principale mission de créer un espace de rencontres et d’échanges entre les auteurs.autrices ; lecteurst.trices et les acteurs de la chaîne du livre, à travers un ensemble d’activités littéraires et culturelles. C’est un évènement annuel qui est réalisé afin de répondre à notre principale mission à savoir promouvoir la littérature et la libre circulation des idées. Plus qu’un simple événement autour de la littérature, le festival Pawoli est en fait un plaidoyer pour attirer l’attention des acteurs du système éducatif sur la nécessité d’opérer des réformes dans l’enseignement de la littérature haïtienne. C’est en quelque sorte un prétexte pour faire connaître nos aut.eur.trice.s contemporain.ne.s. auprès du grand public et en particulier les écoliers.

LN : Quel est le thème retenu pour cette sixième édition et pourquoi avez-vous choisi ce thème ?

LS : La sixième édition du festival PAWOLI va se dérouler autour du thème : « Liberté de la presse : quel avenir pour le métier de journaliste en Haïti ». C’est une façon pour nous d’interpeler la communauté, le gouvernement et les acteurs politiques sur les risques qui pèsent sur la tête des journalistes dans l’exercice de leur fonction. Depuis quelque temps, le métier de journaliste est redevenu un métier à haut risque et qui attire beaucoup de haine et de sentiment d’intolérance. Nous avons pour preuve le rapport de reporters sans frontières (RSF), qui classe Haïti parmi les trois (3) pays les moins sûrs pour les journalistes dans les Amériques, derrière le Mexique et le Brésil pour l’année 2022. Ce système de violences établi, si rien n’est fait,  aura un impact néfaste à long terme sur l’avenir du métier de journaliste. Déjà, nous pouvons constater ces dernières années l’apparition de deux phénomènes assez antagoniques dans la presse. D’une part, ceux (les travailleurs de la presse) qui se sont reconvertis dans d’autres métiers à cause des censures imposées par un groupe de pression. Et d’autre part, la montée d’une nouvelle catégorie de journalistes spécialisées dans le « copy-paste ». Sans oublier l’opinion largement défavorable qu’ont les gens des journalistes. C’est pourquoi nous pensons qu’il était important de mettre le doigt dans la plaie afin d’engager une réflexion intelligente sur le métier et éviter dans la mesure du possible certaines dérives.

LN : Qu’est-ce qui est prévu dans le chronogramme des activités ?

LS : Pour la sixième édition, nous comptons organiser des activités dans six départements du pays sous la direction des associations partenaires qui agissent en toute autonomie. Principalement, le centre PEN va gérer les activités aux Gonaïves et à Port-au-Prince. Au programme, nous avons des conférences et débats, causeries dans les écoles et universités, projection documentaire, ateliers et une exposition de photos des journalistes assassinés et disparus dans l’exercice de leur métier. L’ensemble des activités tourne autour du travail des journalistes. Nous voulons, à travers cette activité, alerter la communauté et les autorités sur la nécessité de garantir la protection des journalistes, et d’un autre côté, pointer du doigt certaines dérives. Nous avons la convention que cela peut contribuer à changer la perception que la majorité de la population se fait des journalistes. Nous aborderons des thèmes qui vont dans ce sens : « Liberté de la presse : quel avenir pour le métier de journaliste en Haïti ? » avec Pr D’Meza Auguste, Godson Lubrun et Johnny Ferdinand. « Médias, éthiques et responsabilités » avec Jean-Euphèle Milcé, Fred Brutus et Kesler Bien-Aimé. «Genre et pratiques journalistiques en Haïti » avec Jeanne-Elsa Chéry, Marie André Bélange et Lovelie Stanley Numa. « Média et démocratie : comprendre les enjeux de l’information en temps de crise » avec, Jacques Nési, Robert Philomé, Enock Arismat et Worlgenson Noël.

« Pour une éthique dans la liberté de la presse » avec Loobensy Timoré, Chouloute Ronald et Lord Edwin Byron « Penser et repenser le journalisme à l’ère des NTIC» avec, Jean-Pharès Jérôme, Dominique Domerçant et Ritzamarum Zetrenne. » « Les fakes news, entre outils de propagande et entraves à la liberté de la presse » avec Jacques Desrosiers, Jodherson Cadet, Dieudonné Dantor St Cyr . « Médias, société et le monde : un combat entre attention et vérité » ou le journalisme au regard de la philosophie. » Avec  Fabrice Torchon et Bernardin Larrieux.Sans oublier qu’on aura une session de témoignages avec quelques journalistes autour de leurs parcours et expériences.

LN : Cette sixième édition se déroule un peu partout à Port-au-Prince et à Gonaïves. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

LS : Le Festival Pawoli est un évènement en développement. Depuis maintenant quatre ans nous essayons d’exporter les activités dans d’autres villes grâce au soutien des associations partenaires. On a déjà vécu des activités dans le passé au Cap-haïtien en partenariat avec Société du Samedi Soir, à Petit-Goave, en partenariat avec Molicaj, à Jacmel en partenariat avec Les éditions Pulùcia, à Port au Prince en partenariat avec l’Atelier Harmonie pour ne citer que cela. La grande différence cette est que le Centre PEN prendra directement en charge les activités sur Gonaïves et Port-au-Prince. Cette année on va continuer de développer de nouveaux partenariats, comme c’est le cas avec Jeux dits pwezi à Jacmel. Nous avons l’ambition de faire du festival un évènement national reconnu en tant quel tel.

LN : Après six éditions quel bilan pouvez-vous tirer de toutes vos activités ?

LS : Le bilan est jusqu’à présent très positif. Nous avons développé des partenariats avec des écoles et universités. Faciliter la rencontre de plusieurs centaines d’acteurs de la chaîne du livre et rendre disponibles et accessibles les œuvres des auteurs contemporains aux Gonaïves et dans d’autres villes du pays. Nous sommes en mesure d’affirmer que nous avons déjà travaillé avec plusieurs milliers d’écoliers et universitaires depuis le lancement du festival. C’est un point très positif pour nous.

LN : Quelle place occupe le festival Pawoli dans la vie culturelle et littéraire des Gonaïves ?

LS ;Pawoli occupe une place prépondérante au sein de la vie  culturelle et littéraire de la ville des Gonaïves. Je dirais même que le festival commence à créer cette place au niveau national. PAWOLI gagne d’année en année beaucoup de notoriété et de crédibilité aux yeux tout le monde. Quand on dit Pawoli cela signifie quelques choses les gens. Ce n’est plus un simple mot.

LN : Quelles sont les difficultés et les satisfactions que vous rencontrez depuis le début de cette activité ?

LN : La véritable difficulté pour une association bénévole et de surcroît qui évolue dans le domaine culturel reste des difficultés économiques. Parce qu’il n’a pas assez de mécènes et la politique publique en matière de soutien aux initiatives culturelles n’est efficace. Le festival n’a pas été épargné par ce problème. On ne veut blâmer personne. Mais ce problème doit être posé. Parallèlement, nous avons plusieurs motifs de satisfactions. Nous avons su tenir pendant cinq avec bien évidemment avec le support de nos partenaires, de nos invités, qui quelques fois apportent leur contribution. Plus d’une centaine d’écrivain.ne.s ont  déjà participé au festival sans rien demander en retour. C’est énorme quand on arrive à mobiliser autant de gens à l’aide d’une idée.

LN : Parlez-nous maintenant de vos attentes ?

LS :Nous vivons une période difficile. Le déplacement d’un point à un autre est très compliqué. Mais nous avons beaucoup d’attentes. Au terme des activités, nous souhaitons que cela serve à quelques choses, dans le sens qu’il contribue à apporter des changements dans le domaine.

Le National : un dernier mot

Leslie Succès  Merci à tout le monde qui a contribué à faire du festival PAWOLI un évènement annuel important. Nous remercions nos invité.e.s pour leur confiance ainsi que nos partenaires.

 

Propos recueillis par 

 Schultz Laurent Junior

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