Renette Désir dans Wonn Brezil Ayiti

Depuis l’arrivée de Neno Garbers en Haïti, il a toujours trouvé qu’un rapprochement culturel était possible entre Haïti et le Brésil pour montrer les similitudes des deux cultures et aussi leurs différences. La première expérience qu’il a faite c’est d’avoir invité un groupe brésilien pour jouer la samba et un groupe haïtien pour jouer le twoubadou. Au final, le groupe haïtien s’est mis à jouer la samba et le groupe brésilien, le twoubadou. Dès lors il s’est dit : « Ah ! C’est là que je veux aller ». C’est ainsi qu’en 2015, il a aidé à réaliser la fête des cent ans de la samba brésilienne au centre culturel Brésil-Haïti. L’initiative Wonn Brezil Ayiti a alors pris naissance et les artistes qui y contribuaient ont commencé à recevoir des invitations. En 2017, ils ont été à l’Institut français en Haïti pour présenter ladite initiative au public à deux reprises et une autre fois en 2019. À partir de là, avec une organisation nommée Tranfomatis, ils ont décidé de déposer le projet et c’est grâce à Transfomatis que Wonn Brezil Ayiti se présente au public aujourd’hui. Leur dernière prestation date du 20 août dernier et au menu il y avait: des numéros de danse, exécutés par des élèves qui étudient la capoeira au Centre culturel Brésil Haïti, des danseurs de Capoeira du projet CESOHA ( Capoeira et éducation sociale en Haïti), Aochan créole qui accompagnait Renette Désir et dansait la lambada, Herby François dont le groupe qui l’accompagnait a ajouté une touche musicale brésilienne à sa prestation qui était aussi caractérisée par des textes engagés très caustiques, une présentation d’une danse afro-brésilienne appelée maculêlê et en dernier lieu, la prestation de la chanteuse très reconnue, Renette Désir.

Force est de constater que la plateforme offerte par Wonn Brezil Haïti a permis aux fans de Renette, présents dans l’assistance de la découvrir sous un nouveau jour. À travers plusieurs chansons :  « Ann ale, Fanm djanm, Tolalito, kiyès nou ye?, Lambada( version Kaoma), Taye banda, Yanvalou », la chanteuse entrait en communion avec le public présent. Et puis tout au long de ses prestations, on sentait une nécessité de rester la Renette Désir que son public apprécie tout en proposant du neuf .  Ainsi, la chanson « kiyès nou ye? » qu’elle a interprétée, écrite dans le cadre du projet Transfomatis du Centre culturel Brésil Haïti, est toute nouvelle.

Tolalito est un titre de Martha Jean-Claude qui est assez récurrent dans les tours de chant de Renette et avec lequel elle anime son public. D’habitude, au moment où elle chante Tolalito, le public est déjà chauffé à blanc et plus question de rester assis ou debout à sa place. On se lève, on chante, on danse avec Renette. Cela a toujours été ainsi. Coïncidence, cette manière interactive que Renette a de performer est en juste adéquation avec le concept de Wonn, proposée par le Centre culturel Brésil Haïti. 

Le titre Fanm djanm pour sa part, est un bel hymne féministe sur lequel les femmes du public ont fait le show avec Renette et ses musiciens, les hommes de leur côté applaudissaient et s’extasiaient.

D’aucuns ont été très agréablement surpris d’écouter Renette Désir chanter le titre Lambada (version Kaoma ) en portugais brésilien et avec un accent tellement correct qu’on aurait dit une lusophone avertie. Renette a appris le texte phonétiquement avec Neno Garbers, le producteur et directeur artistique du spectacle. « En un temps record »! selon les dires de Neno. Cela a fait découvrir un autre talent de Renette qui était inconnu du public. Elle a l’oreille pour les langues, ce qui lui donne une très grande plasticité phonétique (adaptabilité aux nouveaux sons qu’elle peut entendre et capacité à les reproduire). D’ailleurs elle aime apprendre les langues. L’oreille pour les langues est souvent corrélée avec l’oreille musicale et dans certains cas on parle même de lien. Beaucoup de spécialistes et musiciens affirment que l’une entraîne souvent l’autre.

Le tour de chant de Renette Désir ne pouvait pas ne pas contenir « Taye banda » et « Yanvalou ».

Le public de Renette, dite Netty s’est approprié ces chansons pour des raisons plus que compréhensibles. « Taye banda » est un titre qui mentionne plusieurs espaces naturels du pays et un plaidoyer pour le reboisement don’t on a tant besoin. Alors la chaleur du public présent n’était pas loin d’atteindre son pinacle quand Renette entonnait cette chanson!

Renette Désir a clôt son tour de chant avec l’emblématique chanson « Yanvalou » don’t le texte est de Koralen. Yanvalou prône des valeurs sociales et évoque un rassemblement autour de la danse traditionnelle du même nom. C’est une chanson phare du répertoire de Renette et on peut dire de son public aussi, car quand elle a commencé à la chanter, la chaleur du public ,déjà embrasé, a atteint son pinacle. En outre Renette a montré ses talents de danseuse en exécutant des mouvements de Yanvalou.

En somme, à travers le concept de ce spectacle, Renette Désir a pu librement exposer plusieurs facettes de son art, faire montre une fois de plus de sa grande présence sur scène et aussi du fait qu’elle peut habiter la scène en tant que chanteuse, danseuse, actrice, animatrice… Elle a montré au public qu’elle peut chanter en portugais…

Espérons que le Centre Culturel Brésil Haïti puisse multiplier les initiatives du genre, car les artistes manquent d’espaces d’expression, que Wonn Brezil Ayiti s’élargisse et inspire des opérateurs culturels.

Quant à Renette Désir, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’elle trouvera d’autre pour surprendre agréablement son public.

 

 

 Samuel E. Duclosel

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