« Le vodou et la résistance Ayisyèn permanente », un ouvrage socio historique sur l’un des éléments fondamentaux de la culture haïtienne

Reynold Eustache né le 24 septembre 1946, dans le Plateau central au sein d’une famille fortement impliquée dans la résistance des Cacos durant l’occupation américaine, a livré une approche socio historique du vodou dans le premier tome de son livre : » Le vodou et la résistance Ayisyèn permanente », de la période coloniale à nos jours. Cet essai didactique à plus d’un titre, de près de trois cents pages, écrit dans une écriture limpide est publié en décembre 2021. Dans ce livre, l’auteur Reynold Eustache, s’appuyant sur une bibliographie riche et diversifiée, propose, à la compréhension de ses lecteurs et à l’intelligibilité des adeptes du vodou en particulier, le vodou Ayisyen et ses impacts sur la société haïtienne dans son ensemble depuis la genèse de Ayiti Toma.

Fruit de savantes recherches de l’auteur, cette étude permettra de comprendre et de cerner le vodou dans toute son entièreté. Le vodou est complexe et riche. Il est très mal connu par une large portion de la population haïtienne vivant sur l’influence des cultures et religions importées. Pour l’écrivain Eustache, un ardent défenseur du vodou, le vodou est à la fois culture, religion, science, occultisme, astrologie, magnétisme, magie, folklore et mode de vie. Reynold Eustache diffuse dans les pages de son livre un éclairage saisissant sur chacun de ces aspects et manifeste un intérêt particulier pour le vodou, la culture du peuple haïtien. Le livre : » Le vodou et la résistance Ayisyèn permanente » de la période coloniale à nos jours est divisé en neuf grands chapitres, les uns plus méticuleux que les autres. Dans le premier chapitre, l’auteur démontre, avec luxe de détails, quelques approches conceptuelles et orthographiques du vodou selon les auteurs et selon les circonstances. Certains écrivent vaudou, vodou, voudou, d’autres vaudoun ou vodun, cependant pour l’essayiste Eustache, il convient de retenir que en Haïti ou quelle que part à travers le monde on fait référence à cette culture et à toutes ses pratiques traduisant une philosophie de la vie. Le deuxième chapitre dégage une certaine similitude entre le Catholicisme et le Vodou. Le troisième chapitre du livre consiste à développer les théories propagandistes protestantes anti vodou qui résument en ces termes par exemple que le vodou est une activité satanique, les esprits vodoun sont des anges déchus, les pratiquants du vodou servent Satan, le diable, aucun vodouisant n’ira au paradis, ceux qui pratiquent le vodou sont condamnés etc., etc.

Dans le chapitre 4, on retrouve une explication approfondie sur le vodou et les autres confessions religieuses de nature protestante comme les Témoins de Jéhovah et le Mormonisme. » En dépit des propagandes contre Satan, le diable, les menaces de l’enfer, l’illusion du paradis éternel, Jésus qui revient bientôt et de s’empresser de se convertir pour ne pas rater l’occasion, les vodouisants restent impassibles », lit-on à la page 123. Les chapitres 5 et 6 relativement courts parlent du processus de déshumanisation des Noirs déportés d’Afrique et met en valeur les objectifs et les combats poursuivis par les organisations vodou. Le chapitre 7 renferme les réflexions philosophiques et historiques de l’auteur Reynold Eustache qui refuse catégoriquement la thèse selon laquelle Haïti a été découverte en 1492 par Christophe Colomb. Pour Eustache, cette allégation est doublement fausse s’appuyant sur les données de Fatima Khemilat. Le chapitre 8 revient en grande pompe sur l’Afrique, terre de nos Ancêtres et berceau de l’Humanité et de la civilisation. Et le dernier chapitre contient les accusations politiques dont est victime la résistance vodou. Des accusations que l’auteur, avec véhémence, repoussent et rejettent. »Les vodouisants Ayisyen, en dépit de leurs moyens restreints et de la complicité des responsables inconséquents de l’État qui accompagnèrent l’Église catholique dans ses différentes campagnes dites antisuperstieuses, parvinrent à maintenir intactes les traditions ancestrales de l’Afrique de l’Ouest, faisant d’Ayiti, non seulement le prolongement de ce continent, mais également une synthèse de l’Afrique si ce n’est l’Union africaine sur le plan culturel et religieux », lit-on à la quatrième de couverture.

Voilà un livre qui fait un état des lieux sur la résistance vodou qu’il faut par ces temps incertains et difficiles aux fins de s’approprier notre culture, reflet de notre identité. Rappelons que le deuxième tome de l’ouvrage » Le vodou et la résistance Ayisyèn permanente » de la période coloniale à nos jours sera consacré aux lakou et aux peristyles, notamment Lakou Souvenance, dans la banlieue des Gonaïves.

 

Schultz Laurent Junior

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