Le jury du prix Goncourt, présidé par Philippe Claudel, a dévoilé ce mercredi 3 septembre 2025 la première sélection des quinze romans retenus pour le plus prestigieux prix littéraire du monde francophone. Parmi ces auteurs, l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens se distingue avec son nouveau roman, Passagères de nuit, publié chez Sabine Wespieser.
En 244 pages d’une intensité rare, Lahens tisse une fresque intime et historique où se rejoignent les destins de deux femmes – Élizabeth et Régina – lointaines grands-mères de la narratrice, figures d’une résistance silencieuse et obstinée face aux violences de leur époque. Dans ce récit porté par une langue lumineuse, Yanick Lahens plonge le lecteur au cœur du XIXe siècle, entre La Nouvelle-Orléans et Port-au-Prince. Élizabeth, marquée par les tentatives de domination masculine, choisit la fuite et l’affirmation de soi ; Régina, née dans la misère, rencontre un général et poursuit sa propre voie d’émancipation. Ces « passagères de nuit » portent la mémoire de celles qui, depuis les cales des navires négriers jusqu’aux ruelles de Port-au-Prince, ont opposé à la brutalité du monde une inaltérable vaillance.
Une voix haïtienne dans la littérature mondiale
Déjà lauréate du prix Femina en 2014 pour Bain de lune, Yanick Lahens confirme, avec Passagères de nuit, son statut de grande romancière haïtienne et mondiale. Elle donne à voir non seulement la force des femmes de sa lignée, mais aussi un pan entier de l’histoire des sociétés créoles, entre résistance, spiritualité vaudou et héritage colonial. Sa sélection au Goncourt témoigne d’une reconnaissance accrue de cette littérature caribéenne qui dialogue avec l’universel.
Outre Yanick Lahens, cette première sélection rassemble des auteurs reconnus comme Laurent Mauvignier, Maria Pourchet, David Diop ou Emmanuel Carrère, mais aussi des voix moins attendues comme David Deneufgermain ou Hélène Laurain. La liste sera réduite à huit noms le 7 octobre, puis à quatre finalistes le 28 octobre. Le lauréat sera proclamé le 3 novembre au restaurant Drouant, à Paris, dans la tradition immuable du Goncourt.
En attendant, le roman de Yanick Lahens résonne déjà comme l’un des grands temps forts de cette rentrée littéraire. Passagères de nuit selon la critique , apparaît comme une œuvre de mémoire et de transmission, mais aussi comme un chant vibrant pour toutes celles qui, hier comme aujourd’hui, affrontent la nuit afin de conquérir leur liberté
Schultz Laurent Junior avec l’ éditeur Sabine Wespieser.