À la découverte d’un véritable outil de compréhension du Créole haïtien….

En juillet 2025, parait aux Editions Lafimen, la troisième édition de GRAMÈ JENERAL : Sibtilite, Presizyon ak Règ’’ d’Yves Gérard Olivier.

Cette grammaire créole part des subtilités de la construction linguistique pour analyser en profondeur le vaste champ des structures organisées et complexes de la langue créole. À titre de repère, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’étude fine des phonèmes créoles et de leur interrelation avec les voyelles et consonnes jusqu’à la construction des phrases, donc de sens et de discours structurés permettant différents types d’échanges (voir les chapitres 1 á 4).

Cet outil didactique nous invite aussi à scruter à la loupe les trésors cachés du créole haïtien, trésors qui s’enracinent dans les tréfonds socio-linguistiques et socio-historiques de notre culture. À ce sujet, Yves Gerard Olivier nous a permis de découvrir la force et la pertinence du créole non seulement comme outil de communication mais aussi et surtout comme lien fonctionnel du construit de l’identité haïtienne. De ce point de vue, le chapitre 3 de la grammaire est inspirant et éclairant ; inspirant car il force à comprendre tous les liens culturels cachés derrière les combinaisons de mots, et éclairant car il questionne en profondeur les origines culturelles du créole en s’appuyant sur des recherches entreprises par Jean Luc Divialle, chercheur guadeloupéen et Jeannot Hilaire, auteur de “l’Edifice créole en Haïti” (2002).

De plus, l’organisation méthodique et rationnelle des notions contenues dans les 18 chapitres de l’ouvrage facilite le choix des pistes de recherche de tout lecteur désireux de suivre la progression d’un concept de sa plus simple expression à son déploiement dans une phrase, un texte ou un contexte. À titre d’exemple, référons-nous au chapitre 7 traitant des pronoms: une liste exhaustive de neuf (9) types de pronoms est proposée, ensuite chacun de ces pronoms est présenté dans sa double forme “initiale et réduite” et aussi dans ses multiples utilisations et fonctions possibles; à ceci, s’ajoutent des exemples capables de guider tout apprenant dans sa démarche de consolidation des règles de la lecture (cursive et/ou analytique) et de l’écriture (balbutiante et/ou savante) de la langue créole.

La clarté qui transpire de cette grammaire créole est d’une part liée á la documentation dense que charrie son contenu. Chaque référence à un auteur ou à un texte est scrupuleusement annotée en bas de page de sorte que l’utilisateur de l’ouvrage soit averti sur l’origine exacte des sources d’information. Cette manière de procéder augmente la valeur académique du travail de l’auteur et y ajoute une valeur éthique. D’autre part, la mise à jour des sources utilisées porte immédiatement le lecteur à plus de curiosité intellectuelle, l’incitant indirectement à découvrir le travail des auteurs ou sources cités.es (Voir le clin d’œil à Injoo Choi-Jonin et Véronique Lagae in Encyclopedie grammaticale du francais en ligne: encyclogram.fr,2016, au chapitre traitant du morphème “KLITIK” dans les sciences linguistiques).

In fine, la force de cette grammaire créole réside dans la diversité des exemples tirés de moult devinettes (genre oral chez nous) servant à faire la preuve du poids de l’oralité dans la construction de la culture créole haïtienne.

Et que dire de la modernité de cet ouvrage qui exploite efficacement les échanges de messagerie instantanée ?

Et je vous fais grâce de la richesse des œuvres et auteurs d’où Yves Gérard Olivier a puisé ses exemples pour rédiger cette grammaire, mine inépuisable de connaissances et de bonnes pratiques nécessaires à la maitrise du créole haïtien.

J’achève mon texte en vous invitant à lire les “ANÉKS” des pages 462 á 503 et vous serez édifiés.es, chers lecteurs, chères lectrices!

 

Robert Lemaine

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