De Pétion-Ville à Paris, la marche des œuvres picturales de Reynald Germain ?

Du 23 août au 11 septembre 2025, Reynald Germain, dit "Timanno", expose à Paris, à la galerie L'Esprit d'Escalier.  "Première rétrospective Timanno" est le thème central de l'affiche qui met en avant les œuvres picturales de cet artiste originaire de la commune de Pétion-Ville. Coup d'œil sur les tableaux, les talents et la trajectoire de ce peintre plasticien. 

Dans un style qui rappelle les fragments des personnages et des textes combinés dans les espaces signés Jean Michel Basquiat, Reynald Germain propose une certaine continuité dans le déroulement de ces scènes qui osent défier les regards sensibles et les tendances classiques dans la peinture contemporaine. Sans peine, il expose sa passion, il affirme son engagement, il manifeste son désir profond de communiquer à partir des arts plastiques et visuels. 

Des techniques pour donner corps à sa passion artistique : " A l’âge de 30 ans, Ti manno développe une technique à la cire de bougie fondue, technique ancestrale haïtienne, peu connue en Europe, qui sera la base de ses premières réalisations.", souligne-t-il. 

Diversité assumée dans la variété des supports.  "Il explore par la suite d’autres techniques : acrylique ou peinture à l'huile sur bois et sur plastique, peinture sur vitrail, peinture sur miroir, et il intègre des éléments en relief, en bois, coton ou papier.".  "Pour ses objets en volume, il utilise le polystyrène, le câble en fer, la pâte à modeler, la peinture, le bois et tout objet récupéré et détourné de son usage premier.", rapporte le plasticien.  

Dans le cheminement de Timanno, on retient qu'il présente son travail depuis les années 2009. Parmi les références associées à ses nombreuses performances on retiendra :   Concours "Novembre" à Vitry (2009-10), à la Villa Gabriel à Paris (2010), à la Promenade Plantée, Artenbalade, Paris (2011), au Black in Day Théâtre, Paris (2012), lors de l’exposition HAITI'LOG, Hoxton Underbelly Gallery, Londres (2012), au RICH MIX, Oxo Tower Wharf, Londres (2012), lors de l’exposition « Haïti s'expose », Galerie Le Cerisier, Paris (2013), lors de la « Scène ouverte » d’Oriol Nogues, jardin du MAC VAL, Vitry-sur-Seine (2015) et lors de portes ouvertes de son atelier. Membre de la Maison des Projets de la Cité des Navigateurs à Choisy le roi, il est appelé à participer à l’exposition « Traversées », organisée par l’association socioculturelle: «Double Face», en 2022. https://doubleface.org/traversees.   

Dys-arts a déjà exposé Timanno entre le 10 et le 16 février 2025, dans ce même espace. Cette nouvelle exposition participe dans la célébration de multiples créations de cet esprit déterminé à marquer l'art et le temps. Chacune de ses œuvres se confond à un temple esthétique, hautement symbolique et antagonique. 

D'un parcours très actif et créatif, la note biographique de l'artiste poursuit : "A douze ans, il quitte sa terre natale pour rejoindre une partie de sa famille installée dans l’Est de la France. Seize années vont alors s’écouler avant qu’il ne puisse fouler à nouveau le sol d’Haïti. Des retrouvailles douloureuses qui vont faire naître en lui une envie de crier au monde la détresse et la misère d’un peuple qu’il ne reconnait plus : « Mon pays était éteint, mon peuple avait perdu sa lumière ». 

D'autres aspects pertinents à considérer : "Les techniques d’art primaire haïtien, héritées de son grand-père, consistent à dépeindre des scènes de la vie courante, mais, surtout, l’énergie émanant des lieux et des personnes. Pour ce faire, il utilise des objets on ne peut plus simples, comme le plastique, le bois et principalement des matériaux de récupération. La bougie, symbole de temps révolus pourtant si chers aux haïtiens, devient l’outil principal de ses créations : des « larmes » de cire renversées sur une planche de bois, et les émotions prennent forme. Allier le moderne à l’ancien, le profane au sacré, tel est son crédo. ». Source: Julie Haden, Haiti Log, Hoxton Undeberbelly Gallery, Londres, 2012.  

Dans l'univers de Timanno, l'abstraction porte haut le message de l'invisible. Les tableaux sont autant partagés par des couleurs ternes, que par d'autres tons et des formes fortement dominés par le noir et le bleu. 

Des personnages abstraits, pourtant très expressifs se positionnent dans le spectacle déposé par l'artiste. On découvre une forme de rituel, de demande, de partage ou d'offrande parmi d'autres représentations qui confirment le sens profond de la dimension spirituelle exprimée dans ces tableaux. 

D'autres points à retenir sur la trajectoire de : "Timanno", cet artiste autodidacte haïtien, "qui reproduit et modernise les techniques artistiques traditionnelles de son pays. "Très jeune, il porte un regard lucide sur la vie, fort de ce sens de la « débrouillardise » commun aux

enfants des ghettos, qui leur confère une capacité d’adaptation et une
maturité inouïe.", confie ce dernier, tout en se considérant: "A Pétion-Ville, sa ville natale, célèbre, pour avoir abrité de nombreux artistes.". Sa note biographique poursuit : "Il a baigné dans un environnement culturel riche, entre fêtes traditionnelles des Guede, influences caribéennes, américaines et héritage colonial français.". 

Des portraits abstraits autant que des paysages fragmentés, portent les empreintes de  l'artiste Reynald Germain, qui profitent ainsi pour communiquer sa vision du monde et ses engagements à travers la musicalité des couleurs et le symbolisme des lignes chargées d'émotions et de passions. L'art visuel comme matière à découvrir, se confirme comme un véritable outil pour instruire le public, tout en servant à déconstruire certaines perceptions du temps. 

 

Dominique Domerçant 

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