UEH/DVE : «danse et appui psychologique», une immersion socio-culturelle pour apaiser les blessures invisibles

Depuis janvier 2025, l’Université d’État d’Haïti (UEH) met à l’honneur les danses traditionnelles pour offrir à ses étudiants et étudiantes un espace d’expression culturelle et de résistance à travers les rythmes folkloriques. Dans les locaux du rectorat, les rythmes Yanvalou, Mascaron, Nago, Petwo et Ibo résonnent. Cette résonance crée une atmosphère où la culture devient un exutoire continu face aux difficultés qui jonchent leur quotidien. A côté d’accompagnement psychologique, un concours de traduction et d'interprétation de chants patriotiques haïtiens, les rythmes ancestraux frissonnent au Rectorat en créant un lien fort entre patrimoine et mémoire. Plus qu’une simple activité de relaxation, cette initiative combinée porte un message d’espoir et de cohésion dans un contexte marqué par l’insécurité

   Dans un contexte où l’insécurité perturbe la vie universitaire, cette initiative, inscrite dans tout un programme d'actions de la Direction Vie-Étudiante, est perçue comme une bouffée d’air frais pour assouplir le rythme fâcheux du désespoir de la communauté estudiantine de l’UEH. «â€¯Ce projet permet aux étudiants de se reconnecter à leur patrimoine tout en leur offrant un moment de répit », souligne la coach du programme de danse, Madame Madeleine Pierre.

   Ils/elles sont environ une cinquantaine d'étudiants et d’etudiantes issus.es de 11 entités de l’Université d’État d'Haïti (Ueh) qui dansent au moins trois (3) fois par semaine, aux locaux du Rectorat. Ces participants et participantes, quant à eux/elles, se contentent de secouer avec dextérité leur corps qui fait couler un enthousiasme palpable. 

   «â€¯C’est une manière de retrouver notre identité et de nous sentir unis malgré les épreuves », témoigne Jessica Laguerre, une étudiante en 4ème année de médecine à la Faculté de médecine et de pharmacie.

Danse entre remède et résistance 

   Et quand la danse devient un remède, l’UEH plane entre tradition et résistance continue pour donner un brin d’espoir. Dans un contexte marqué par l’escalade de la violence des gangs, l’Université d’État d’Haïti (UEH), à travers la DVE fait le pari de la culture comme outil de résistance et de cohésion sociale. Ce programme de danse traditionnelle, fervente interaction sociale, permet aux étudiants et étudiantes, en se donnant une plus grande aisance à se mouvoir pour se reconnecter aux rythmes ancestraux tout en trouvant une forme d’évasion légère et de tranquillité d'esprit.

   La danse est vue aujourd'hui, à brûle-pourpoint, comme un outil de reconstruction psychologique à l’UEH. Voilà pourquoi ce projet, accueilli avec enthousiasme par la communauté estudiantine, ne se limite pas à l’apprentissage des pas légers de danse. Mais il vise à renforcer le sentiment d’appartenance et à apaiser les tensions psychologiques des étudiants et étudiantes face aux réalités éprouvantes du pays. 

   «â€¯Nous voulons créer un cadre où la culture devient un refuge et une force », explique Victorin, un membre de la Direction Vie-Étudiante.

Appui psychologique, une consistance thérapeutique 

 Dans ce lot d’activité, un programme de suivi psychologique s'impose sur le tapis. C’est nécessaire, témoigne un spécialiste de l’UEH, Monsieur Jefferson Pierre-Louis. Il met en garde contre les signes de stress post-traumatique observés chez plus d’une cinquantaine de jeunes, issus d’horizons divers notamment de la PNH et des universités privés de la région métropolitaine de Port-au-Prince, dans le cadre du programme d’actions et de suivi psychologique. 

   L’ancien de la Faculté des Sciences Humaines (Fasch) préconise un accompagnement adapté afin que ces programmes de soutien et de bien-être ne soient pas qu’un simple échappatoire, mais aussi une voie vers une véritable reconstruction émotionnelle à long terme.

   Face aux traumatismes liés à la violence des gangs, la Direction Vie-Étudiante de l’UEH propose un programme d'assistance psychologique. Une initiative qui permet non seulement de valoriser la culture d’assistance mentale au sein de l’UEH, mais aussi d’aider les étudiants, étudiantes à retrouver un équilibre émotionnel et psychologique.

    Ce qui fait que les responsables de l’UEH restent attentifs aux impacts psychologiques de la crise sur la communauté universitaire. Un suivi clinique est en revanche envisagé pour aider tous ceux et toutes celles qui manifestent des signes de stress post-traumatique, afin que la danse, la thérapie de traduction et d'interprétation de chants patriotiques, ne soient pas seulement un moment d’évasion, mais un véritable levier de reconstruction personnelle.

Culture et résistance

    Les étudiants et étudiantes, malgré leurs inquiétudes face à l’avenir, s’immergent avec passion dans ces ateliers. Regard envoûtant aux rythmes artistiques tranquilles, Sabine Auguste, étudiante en 3eme année en Psychologie à la Faculté d’Ethnologie, explique que «â€¯Danser, c’est comme respirer. Ça nous rappelle qui nous sommes vraiment et nous redonne de l’énergie pour avancer, malgré les péripéties », confie-t-elle.

  Plus loin, remplie de joie et d’enthousiasme, elle ajoute «dans un contexte d’insécurité croissante, les responsables de l’Université d’État d’Haïti misent sur la danse traditionnelle pour offrir à leurs étudiants et étudiantes un espace de répit et d’expression, bravo à eux/elles», explique-t-elle.

  Par ailleurs, la Direction Vie-Étudiante salue cet engagement malgré l’escalade de la violence des gangs. Il souligne l’importance de ces espaces d’évasion et de divertissement. Pour les participants et participantes, l'expérience va au-delà du divertissement : elle symbolise un rêve qui prend forme, une respiration face aux défis quotidiens.

Quand l’art rend service

    À travers les rythmes Yanvalou, Nago et Petwo, l’UEH crée un cadre où la culture devient un vecteur d’unité. Une bougie allumée en pleine obscurité. Ce programme de danse, une immersion douce et tranquille, ne se limite pas à une activité artistique, mais devient un symbole d’espoir et de solidarité pour la communauté universitaire.

   Dans un pays où l’insécurité menace le quotidien, la danse traditionnelle s’impose comme un acte de résistance, entre rythmes et espoirs, l’UEH transforme la culture en outil de communication, un moyen d’expression et de libération pour les jeunes. Pour les étudiants de l’UEH, se reconnecter à leur héritage culturel devient une manière de lutter contre l’adversité et de se réapproprier leur espace académique.

    Malgré la crise, la Direction Vie-Étudiante de l’UEH ne baisse pas les bras, elle continue de proposer des projets innovants, comme ce programme de danse traditionnelle pour aider les étudiants et étudiantes à surmonter les pressions du quotidien. Une initiative d’illustration, leur permet de se reconnecter à leur patrimoine, de retrouver un sentiment de cohésion et de manier le pouvoir de la culture face aux épreuves de découragement.

  Étudiante de la faculté des Sciences Humaines (Fasch), témoigne que «cette activité est le brandissement d’un souffle de tradition dans un contexte troublé. Parce que malgré un climat marqué par l’insécurité et de toutes sortes de violences, l’Université d’État d’Haïti mise sur la culture pour offrir un espace d’épanouissement à ses étudiants et étudiantes», a fait savoir Taïna. 

  À l’UEH, la danse devient un moyen d’expression et de reconstruction, un rempart contre la violence. Elle fait vibrer la culture haïtienne en faisant bouger soigneusement les différents muscles du corps. La combinaison de la danse et de l’appui psychologique, est un remède percutant, permettant de se soulager, un peu, de la panique des gangs armés. Elle offre aux étudiants et étudiantes un moment de répit face au stress post-traumatique. Dans le cadre de ce riche programme d'actions, la direction Vie-Étudiants fixe la finale du concours de traduction et d'interprétation au 1er février 2025, où les dix (10) meilleures prestations seront récompensées.

 

Elmano Endara JOSEPH 

elmanoendaraj@gmail.com

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