Le désespoir des anges de l’écrivain haïtien Henry Kénol débarque en Amérique du Nord

Réédité chez Mémoire d’ encrier à Montréal au Canada, le roman haïtien “ Le désespoir des anges” de l’ écrivain haïtien Henry Kénol débarque en Amérique du Nord  le 29  janvier 2025. Roman paru en 2009 et   apprécié depuis lors par  le lectorat haïtien , Henry Kénol dresse dans ce récit  le portrait sans filtre d’un monde en ruines.

Peu après avoir réussi à s’arracher à la prostitution, une jeune Haïtienne , selon la critique, découvre un jour que, sous ses apparences de bourgeoise protégée, la propriétaire de l’hôtel qui l’emploie désormais n’est, comme elle, qu’une femme en souffrance. Mais, durant l’inattendu dialogue qui s’engage alors, la “domestique” ne cesse de voir surgir les images du terrible passé qui a irrémédiablement fait naufrager son destin et brisé tous ses rêves. Comment ne serait-elle pas hantée par ce jour de triste mémoire où, poussée à bout par les abominables sévices sexuels qui lui étaient, comme à tant d’autres, impunément infligés par des nantis habitués à abuser sans vergogne de la misère de leurs inférieurs, elle a, entre provocation et désespoir, accepté de devenir la concubine du chef de gang qui faisait la loi dans le plus vaste bidonville du pays? Et comment oublier de quelle déchéance et de quelle dépravation elle a payé sa soumission à ce sanguinaire potentat avant que l’assassinat de ce dernier ne la contraigne à fuir pour échapper à la haine féroce du nouveau “patron” des cités dont elle avait naguère refusé les avances ? À un rythme effarant, l’auteur plonge dans l’univers pervers des gangs de Port-au-Prince sur lequel il a enquêté et recueilli des témoignages dans des conditions qu’il avoue difficiles, découvrant “des communautés entières prises en otage” soumises à la brutalité d’une parodie de justice sommaire et abjecte. « Le phénomène des gangs armés est assez nouveau en Haiti. Ce ne sont plus des groupes paramilitaires, comme nous avons eu par le passé, formés dans un cadre purement politique par des régimes répressifs. Les gangs cette fois agissent pour leur propre compte, ont une notion de “territoire” ou de fief, obéissent à un et/ou des chefs sorti de leurs rangs et choisis par eux.”

Après un premier tirage complètement épuisé et sous la pression d’un lectorat conquis, Le désespoir des anges a été   réédité en 2013 par les éditions Actes Sud, puis maintenant par Mémoire d’ encrier. C’est  sous les auspices de l association l ’Atelier du Jeudi Soir  que Henry Kenol a mûri et rédigé son premier roman Le désespoir des anges, récit noir et cru du destin d’une jeune fille devenue la compagne d’un chef de gang. Inspiré par le phénomène des gangs armés qui prirent en otage les cités-bidonvilles d’Haïti au début des années 2000, Henry Kénol décrit, à travers le parcours de la jeune maîtresse d’un des chefs les plus sanguinaires de ces bandes ayant soumis la misère à leur joug, l’enfer que vécurent, avec la bénédiction du gouvernement en place, des communautés réduites au silence et inlassablement confrontées à la barbarie sous ses formes les plus abjectes.

Rappelons que Henry Kenol est l’un des membres fondateurs de l’association l’Atelier du Jeudi Soir, dédiée à la création et à la diffusion la plus large possible de la littérature en Haïti.

 

Schultz Laurent Junior

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