«Echec & Rap», entre coups bas et passion pour la musique

«Kastwo sou m ap la». «Echec & Rap», c'est le tout dernier projet dévoilé par le rappeur Dèf Fondamantal. Composé de 21 tracks, ce nouvel opus se veut une plongée dans le vécu du fils de Castro, son ghetto. Des écueils rencontrés sur son parcours pour ce mouvement dont il est épris depuis l'âge de 14 ans et sa passion pour ce genre musical, tout y passe.

Considéré comme l’un des meilleurs lyricistes du rap haïtien, Dèf Fondamantal a rendu public son troisième album baptisé «Echec et Rap». C’est l’occasion pour l’artiste de revenir sur les turbulences qui ont marqué sa vie, surtout sur les récents évènements où certains de ses proches lui ont tourné le dos pour un oui ou pour un non et sur rap qu’il fait.

Les sacrifices consentis pour sa musique sont énormes chez Dèf fondamental. Ce dernier entend donc rester fidèle aux principes qu’il défend. Raison pour laquelle il s’est livré au rap corps et âme avec son micro malgré trahi par son clan. «Sakrifis», «Konfli fanmi», deux sons placés respectivement en deuxième et troisième position, dressent le portrait d’un artiste déçu de son entourage.

On se souvient du collectif «Powèt revòlte», dont il était un membre. Divisé, ce collectif n’est plus. Pour Déf, cette dissolution s’explique par le désir de certains pairs d’accumuler des vues, donc de se positionner du côté du courant du rap mainstream, ce qui serait contraire à la philosophie qui guidait «Powèt Revòltè». «Nou pa rive enkane sa n rap», se désole Dèf.

Après les coups bas dont elle est victime, la voix de «Bal mawon» trouve refuge et réconfort dans les bras de sa mère, Esther. Le morceau «Pa kriye», rempli d’émotions, met en scène un fils qui vient s’excuser auprès de sa maman par le fait qu’il avait refusé d’écouter et d’appliquer ses conseils. Rhod Djivens Thélémaque de son vrai nom apporte avec lui son lot de déceptions aux pieds de sa daronne qu’il aime de façon démesurée, vice versa.

Aidé par Stan, Déf lève son verre à tout ce qu’il a vécu et aux actes manqués. C’est une âme prise entre déception et réjouissance. Déception parce que le patron d’Evazyon Mizik n’a pas pu être l’enfant diplômé dont rêvait sa maman ni ce MC avec un team qui ne verse pas dans le faux. Réjouissance du fait qu’il ait pu tracer le chemin pour certains artistes et qu’il ait pu bâtir sa carrièrre en dehors des sentiers battus.

Dèf Fondamantal est un rappeur sensible à la condition de la vie des classes populaires. «Ella», se trouvant en 16ème position sur ce nouveau projet, est le récit glaçant d’une jeune fille violée par son beau- père, alors qu’elle n’avait que 12 ans. La fille peine à être tombée amoureuse, car elle a dû tuer son sentiment en échange du sexe contre le pain. Ella s’inscrit dans la continuité de «Flè dizè» ,morceau gravé sur l’album «kwonik yon Getoyout». Ainsi, Dèf interpelle sur la condition féminine dans les ghettos.

Avec trois albums, kwonik yon getoyout ( 2018), Rhod over D-fi ( 2019) et Echec & Rap (2024), Dèf Fondamantal laisse un legs inestimable au rap haïtien. Son rap politique se veut contestataire et revendicatif. Bien que vivant loin de sa terre natale, l’auteur de «Woman is life», reste sensible à la souffrance des gens du ghetto.

 

Wesker Sylvain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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