le spécialiste français sur la question des archives, M. Jean Favier[1], la constitution, la conservation et l’utilisation des fonds d'archives représente l’une des tâches consubstantielles à l'existence même de l'Etat. En d'autres termes, il n’y a pas d'Etat sans archives. Et l'auteur a procédé à un rappel historique sur l'état de la question depuis la classification des tablettes d'argile avec l'écriture cunéiforme de la Mésopotamie, les supports de l’écriture hiéroglyphique en Egypte ancienne, les rouleaux des Grecs et des Romains pour montrer comment, depuis les débuts de l'écriture, le désir de classer, d'arranger les documents dans la perspective de leur utilisation future représentait une nécessité universelle dans la gestion rationnelle de la Res Publica (de la chose publique). Production, tri, description, enregistrement, classement, utilisation, reclassement, tel est le cycle permanent de vie de vie du document archivé.
Pour le Dr. Jean-Price Mars, « les Archives Nationales sont par excellence le Conservatoire ou se trouvent déposés et entretenus tous les actes administratifs, originaux, doubles ou copies - lois, Décrets, Procès-verbaux d’opérations officielles, Traités, Conventions, correspondance et autres- au fur et à mesure que les services publics n’en éprouvent plus leur utilisation immédiate au bénéfice du fonctionnement de leur mécanisme. En conséquence de quoi, les Archives Nationales constituent l’un des organismes les plus importants d’une communauté parce que là se sont accumulés au fil des jours les matériaux propres à l’élaboration de l’Histoire de la Nation »[2]. La science qui étudie et enseigne la gestion des archives est l’Archivistique. Le professionnel formé pour en assurer la gestion est l’archiviste. Pour M. Jean Favier, « le rôle de l'archiviste est alors de prendre des mesures nécessaires, en sorte que le document considéré comme périmé puisse être retrouvé sans peine et rapidement le jour où il sera devenu utile »[3]. La notion de constitution et de fonctionnement des fonds d'archives est même une préoccupation régalienne de l'Etat. Selon M. Favier, en effet, « il est actuellement admis que archives des hommes d’Etat, hauts fonctionnaires ou diplomates peuvent être revendiqués [par l'Etat] comme ayant un intérêt public et que, les droits de l'Etat ne pouvant se prescrire, la revendication peut être éventuellement opposée à leurs héritiers, mêmes lointains »[4]. Et l'auteur de souligner comment la recherche historique est consubstantielle même de l'existence des archives et de leur bonne tenue. Pour M. Jean Favier, en effet, « les archives sont devenues, surtout depuis deux siècles, la source indispensable de tout travail historique. Les dépôts d'archives ont cessé d'être exclusivement l'entrepôt des dossiers devenus inutiles pour l'expédition courante des affaires mais conservés en vue de leur utilisation certaine ou éventuelle. Ils sont les nouveaux laboratoires de l'Histoire »[5]. Pour l'auteur, « le rôle de l'archiviste est alors de prendre les mesures nécessaires, en sorte que le document considéré comme périmé puisse être retrouvé, sans peine et rapidement, le jour où il sera devenu utile »[6].
Dans l’antiquité gréco-romaine, la question des archives était considérée comme éminemment stratégique. D’ailleurs, le terme grec ê Arkê à la base de la création du mot archive, veut dire le commencement. Ainsi, pour les Grecs, les archives constituent bien le « commencement » de toute vie sociale organisée, publique ou privée. A Athènes, les archives publiques étaient tenues en bon ordre, sous forme de rouleaux, dans des kibotos (coffrets), bien arrangés dans des casiers avec des étiquettes d’identification[7]. A Rome, les archives publiques avaient une grande importance pour la gestion et l’administration d’un empire aussi étendu. Dès les débuts du christianisme, dans les premières congrégations et les ordres religieux comme chez les Bénédictins, la recherche et le classement des documents, bref l'organisation des archives d'abord et des bibliothèques ensuite, prenaient de l'importance. Au cours du Moyen-âge, pendant la période de le Renaissance, l'évolution des Etats Européens a connu un processus de centralisation continu qui a permis la constitution progressive des fonds d'archives en une administration centrale avec éventuellement des embranchements locaux. Ainsi, pour l’Encyclopedia Universalis, « À Simancas, l'Espagne offre dès le XVIe siècle le premier exemple d'archives centrales d'État ; Charles Quint y fait transférer son trésor des chartes en 1545 et les divers fonds administratifs de la monarchie espagnole viennent s'y adjoindre, suscitant en 1588 la promulgation d'un règlement qui en organise la gestion »[8].
C'est au cours de cette époque, souligne M. Jean Favier, que s'est constitué progressivement le droit des Etats à entrer en possession des documents ayant appartenu aux grands fonctionnaires dans le cadre de leurs fonctions. La distinction entre archives privées et archives publiques commençait à se manifester, à se constituer un sens profond. La grande révolution de française de 1789, avec les idées de liberté et de droits du citoyen, a été l'occasion d'une reconsidération de la fonction des archives. Les archives ne vont plus seulement se conserver pour l'Etat, mais aussi pour le citoyen qui en a le libre accès nous dit toujours M. Jean Favier. C'est un principe, aujourd'hui universel de fonctionnent des archives historiques. Des règlements sont alors émis pour la réorganisation du fonds. Celui-ci étant devenu de plus en plus immense, il fallait trouver des moyens commodes de l'organiser, de le trier, de le classer dans la perspective de son utilisation selon les nécessités de l'Etat et des citoyens. Plusieurs propositions furent formulées comme par exemple le classement par provenance en maintenant l'unité des fonds, ou encore le classement chronologique pour les documents d'Etat civil qui, jusque-là étaient conservé en Europe dans les archives paroissiales de Eglise catholique. C'est dans le même contexte de Gabriel Naudé devait écrire son Advis pour dresser une bibliothèque[9]. Au XIXème siècle, avec l'affermissement de la Révolution industrielle, toutes les sociétés de l'Europe occidentale connurent une profonde restructuration en leur nature et mode interne de fonctionnement. Pour Anne-Marie Thiesse, ce fut l'ère de « la fabrication des nations européennes »[10] avec notamment la généralisation de l'instruction publique, la consolidation et la fixation des frontières géographiques et linguistiques et surtout l'affirmation d'une langue dite nationale au détriment de tous les autres dialectes régionaux traditionnellement parlés. Pour Max Weber, c'est l'affirmation du « processus constant de rationalisation des sociétés occidentales »[11] avec de nouvelles façons de produire et d'organiser la société dans son ensemble suivant le type idéal d'autorité qui est l'autorité rationnelle, légitime et légale dans le cadre du modèle de la bureaucratie fonctionnelle. Dans les deux cas, il faut des archives publiques et privées solides et bien organisées pour supporter la prise rationnelle des décisions dans toutes les composantes de la société. Les archives deviennent alors des pièces maitresses au sein de toute administration publique ou privée. Comment concevoir alors une école, une université, un hôpital ou encore une banque fonctionnant sans archives? En France, l'Ecole des Chartes, fondée dès l'année 1821, prit alors en charge la formation des archivistes et des autres professionnels de haut niveau pour la gestion correcte de toutes les étapes de la chaine documentaire. Le spécialiste Jean Favier que nous avons abondamment cité au début de cette étude, avait d'ailleurs étudié dans cette « Grande Ecole ». Il a dirigé pendant une longue période les Archives Nationales françaises et enseigné l'archivistique à de nombreuses promotions. D'un autre côté, à partir des travaux de Melvil Dewey en 1876 aux Etats-Unis, d'Henri La Fontaine et de Paul Otlet par la suite en Belgique, le système de la Classification Décimale Universelle (CDU) fut adopté et mise en pratique pour les bibliothèques tandis que se constituèrent partout ailleurs des écoles de bibliothéconomie où fut enseignée également l'archivistique comme filière de spécialisation. Cependant, l'archivistique tendait déjà, depuis le début du siècle, à se constituer en discipline autonome.
En Haïti, les archives ont eu une existence particulièrement troublée et mouvementée dont les conséquences sont encore visibles et patentes quand on considère la dispersion des fonds des archives du pays en Europe, aux Etats-Unis et même dans certains pays de la Caraïbe. M. Laurore Saint-Juste, archiviste reconnu, nous apprend M. Kesner Milien, a effectué une sérieuse étude sur cette épineuse question de grande dispersion des premières archives de la nation haïtienne[12]. Selon M. Wilfrid Bertrand, actuel Directeur Général des Archives Nationales d'Haïti (ANH), « On ne sait par quel miracle les Archives nationales d'Haïti ont pu conserver jusqu'à nos jours quelques documents datant de l'époque coloniale. Nous disons miracle parce que, d'une part, certaines puissances coloniales, notamment l'Espagne, et, dans une mesure beaucoup plus faible, la France, connaissant l'importance de ces documents, les ont collectés et les ont transportés vers la métropole en temps de paix, et plus encore à l'approche, pendant ou après les guerres de libération; d'autre part, nos premiers gouvernements, préoccupés de sauvegarder à tout prix une indépendance chèrement acquise, et en butte à des difficultés de tous ordres, n'ont pas pu arrêter cette «hémorragie », qui a même atteint les papiers de famille. De plus, les quelques registres d'état civil, qui sont les plus anciens documents des Archives nationales, ont été pendant plus de deux siècles conservés dans des conditions déplorables »[13]. Toujours selon M. Bertrand, « Absence de tradition et de politique archivistiques ont engendré la perte de la quasi-totalité des précieux documents des cinquante premières années de notre indépendance et la détérioration inquiétante d'une bonne partie de ce qui a pu parvenir jusqu'à nous. Les efforts déployés par certains gouvernements au cours de la première moitié du XXe siècle ont été anéantis durant les vingt années antérieures à 1983 »[14]. D'abord, il y a eu les archives de l'administration coloniale de Saint-Domingue[15]. La majeure partie de ces fonds devrait se retrouver en France. Ce sont des archives qui ont été emportées par Rochambeau suite à son expédition dans les tréfonds des montagnes des Cahos, dans l’Artibonite, où Toussaint Louverture les avait fait emmener. Des historiens de valeur comme MM. Gabriel Debien, Jacques de Cauna, Jean Fouchard, Pierre Pluchon ont pu effectuer des recherches au sein de ces archives. Une autre partie des fonds d'archives d'Haïti se retrouve en Espagne, aux Archives Nationales de ce pays. Elle a été explorée par des historiens haïtiens comme MM. Gérard Mentor Laurent et Laurore Saint-Juste. Ce dernier deviendra par la suite Directeur des Archives Nationales d'Haïti. Des documents haïtiens se retrouvent en Allemagne. La Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie avait consacré un numéro spécial sur les recherches effectuées au sein de l’historiographie allemande sur Haïti[16]. Ensuite, nous retrouvons des pays comme l'Angleterre et les Etats-Unis d'Amérique (USA) qui possèdent des documents d'archives et des collections complètes et spéciales de journaux d'Haïti et sur Haïti. Selon M. Wilfrid Bertrand, « Il a fallu attendre 1860, soit cinquante-sept ans après l'indépendance d'Haïti, pour qu'un gouvernement haïtien, celui de Fabre-Nicolas Geffrard, légiférât en matière d'archives. Certes, les documents d'archives des gouvernements antérieurs ont bien existé et nous en avons trouvé trace. Il semble que, jusqu'à cette date, ces documents ont été conservés, en partie bien sûr, si on tient compte des désordres (pillages, incendies) qui se renouvelaient à la chute de presque tous les gouvernements. Pétion et Christophe ont recueilli ce que nous pouvons appeler nos premières archives de peuple libre, entre autres l'Acte de l'indépendance d'Haïti »[17]. En 2017, l'historien des relations internationales M. Weibert Wien Arthus a publié un article fort bien documenté sur les archives historiques d'Haïti dans lequel il procède à une localisation de ces archives en fonction de leur diversité, de leur importance et des contingences historiques[18].
Les premières archives d'Haïti posent de sérieux problèmes de continuité dans la composition des fonds, particulièrement en ce qui concerne la question agraire. Pour Paul Moral, « d'énormes lacunes existent ainsi dans l'histoire agraire du pays, notamment pour l'époque décisive qui va de 1804 aux environs de 1850 »[19]. Le même auteur mentionne que les données sur le commerce d'Haïti avant 1818 sont pratiquement inexistantes. L'on pourrait se questionner sur la disponibilité des archives de l'Empire dessalinien qui se retrouvaient à Marchand, capitale alors de l'Empire, particulièrement les pièces concernant le suivi de la mesure de vérification des titres de propriété adoptée le 21 juillet 1806.... Pour la période du gouvernement de Pétion, nous devons reconnaitre ici le travail immense d'exploration des archives haïtiennes réalisé par le Professeur Jean-Alix René[20]. Ce travail a permis de mettre à jour des pièces inédites et de reconsidérer, dans une large mesure, la politique agraire du Président Alexandre Pétion après le travail classique du Professeur Leslie F. Manigat sur la question[21]. Néanmoins, dans l'ensemble, de sérieuses et justes interrogations demeurent sur les disponibilités des archives publiques haïtiennes pour la période du Président Salnave[22]. Ecoutons encore M. Wilfrid Bertrand. « Il y a eu de grandes pertes durant les troubles précédant la fin du gouvernement du Président Sylvain Salnave au cours desquels le Palais National devrait exploser le 19 décembre 1869 »[23]. Selon le Dr. Antoine Fritz-Pierre commentant dans le Nouvelliste du 12 mai 2005 l'ouvrage de l'historien Georges Corvington sur le Palais National, « On sait que cette explosion fut provoquée par le boulet d'un des navires de la marine de guerre haïtienne abritant les révoltés Canal et Brice, guerroyant contre le président Sylvain Salnave. Les archives d'un siècle de l'histoire nationale partirent en fumée au cours de cette funeste déflagration »[24]. Un autre historien, Jacques de Cauna, avait effectué un grand travail sur les archives d’Etat civil en Haïti, en ce qui concerne précisément les premiers patronymes haïtiens[25]. Quant aux archives du Royaume du Nord du Roi Christophe, Vergniaud Leconte nous dit qu'elles ont été conservées dans une salle spéciale de la Citadelle[26]. Que sont-elles devenues avec la fin tragique du Royaume? Epineuse et difficile question à l’origine de nombreux « trous » dans les archives historiques du pays relevés généralement par les chercheurs. Il y a eu certes, par la suite, une forte tradition d'archives de famille dans diverses régions du pays, particulièrement chez les grandes et moyennes familles avec l’avènement de la photographie. Mais, ces archives sont très dispersées suite à l'émigration de ces familles vers l'Europe d'abord et vers les Etats-Unis d'Amérique (USA) ensuite. L'exemple de l’exil de la famille du Roi Christophe vers l'Angleterre d’abord, et ensuite, vers l'Italie, à Pise, en dit long sur la question. Actuellement, des portraits originaux du Roi Christophe et du Prince Victor par le grand peintre anglais Richard Evans se trouvent à Porto-Rico, ainsi que des documents administratifs et des papiers de la famille de Toussaint Louverture faisant partie de la célèbre Collection de M. Alfred Nemours. L'historien-archiviste Laurore Saint-Juste avait insisté sur la quantité de la part des archives haïtiennes détenues dans les grandes collections des Etats-Unis d'Amérique. Et, de nos jours, sans le travail de collecte, de classement et de conservation de documents effectué par des centres documentaires comme par exemple la Bibliothèque Haïtienne des Pères du Saint-Esprit de Saint-Martial (BHPSE) et la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC), l'on pourrait, à juste titre, se demander comment serait la situation des sources documentaires primaires et archivistiques de la nation haïtienne pour les premiers moments de son existence. Ces institutions rendent de louables services aux chercheurs. Le géographe Paul Moral[27] avait mentionné dans sa thèse de doctorat sur l'univers rural haïtien combien il a utilisé les ressources de ces deux bibliothèques pour suppléer aux « lacunes » des archives officielles haïtiennes[28]. A notre connaissance, de nombreux professeurs et chercheurs utilisent les archives historiques haïtiennes. Nous avions parlé du Professeur Jean-Alix René. Mais nous pourrions mentionner, entre autres, les Professeurs Michel Hector, Jean Casimir, Roger Gaillard, Laennec Hurbon, Marc Désir, Lewis Ampidu Clorméus, Watson Denis, Vertus Saint- Louis qui continuent à explorer le « long XIXème siècle haïtien »[29]. Ici, il nous faut avoir une pensée spéciale pour le professeur Roger Petit-Frère[30], grand connaisseur des archives du pays et qui était en train d'écrire une histoire du parlementarisme haïtien quand la Parque le ravit brusquement à notre affection. Dans la même conjoncture, le chercheur historien Michel Hector nous a laissés[31]. A l'Université de Porto-Rico, Recinto de Río Piedras, au cinquième étage de la Bibliothèque Centrale José M. Lazarro, il se trouve le fonds spécial du Général Alfred Nemours acheté par l'Université de Porto-Rico (UPR) au cours d'une vente publique qui eut lieu à Paris concernant cette collection[32].
Les archives se constituent et se construisent grâce à l'action professionnelle et quotidienne de l'archiviste. Mais, dans le contexte social global. Ainsi, la période troublée de la seconde moitié du XIXème siècle au cours de laquelle se développait une « société de baïonnettes » pour reprendre l’expression de l'historien Alain Turnier ne se prêtait pas vraiment à des actions d’organisation des archives publiques du pays. Avec les 19 ans d'occupation nord-américaine, la chose n'était pas plus avancée qu'avant. L'occupant a constitué ses propres archives, bien ordonnées et bien entretenues qu'il devrait emporter avec lui en 1934 et laisser les fonds haïtiens tels qu'ils étaient. Le Président Sténio Vincent a eu la très bonne idée de fonder la Bibliothèque Nationale d'Haïti en 1940 et d'en confier la direction à un connaisseur en la matière, M. Max Bissainthe[33]. Mais le Président Vincent a fait mieux. Selon M. Dieudonné Fardin[34], ce président, grand bibliophile et collectionneur de livres et d’œuvres d’art, a créé également cinq bibliothèques publiques départementales dans le pays et jeté les bases du Musée national. M. Bissainthe devrait produire un travail énorme et préparer, dans la continuité de M. Ulrick Duvivier, une bibliographie complète du pays publié par Scarecrow Press en 1951. Par la même occasion, il était question d'organiser les archives. Celles-ci devraient prendre un bon départ avec l'arrivée de M. Laurore Saint-Juste comme Directeur-Général. Le travail d'inventaire a pu être entamé et M. Saint-Juste a pu même identifier des ressources archivistiques du pays dispersées à l'étranger. Mais les moyens financiers, humains et logistiques manquaient énormément. Les archives publiques du pays prirent un tournant au début des années 1980 avec leur réorganisation. Les archives d'état civil furent séparées des archives historiques. Les premières furent logées dans la Cité de l’Exposition du Bicentenaire, à côté des locaux du Journal gouvernemental Le Nouveau Monde et les secondes restèrent au quartier historique du Poste-Marchand. Durant tout ce pèlerinage, selon M. Wilfrid Bertrand,[35] les Archives passèrent sous le Ministère des Finances, puis sous celui de l'Education Nationale, puis sous celui de la justice. Par la suite, les Archives Nationales passèrent sous le contrôle du Ministère de la Culture avec la Bibliothèque Nationale (BNH) et le Musée du Panthéon National (MUPANAH). Depuis plus de deux décennies, sous la conduite du Directeur-Général, M. Wilfrid Bertrand, les Archives connaissent un grand travail de structuration, de classement et de modernisation des fonds d'état civil et historique. Ce qui a permis leur rapide d'utilisation. Aujourd'hui, un citoyen peut obtenir un extrait d'archives en seulement huit jours. Ce qui constitue un véritable miracle quand on connaissait l'état du fonds auparavant. Il faut bien noter qu'une étape importante et décisive a été franchie par l'actuelle administration des Archives Nationales d'Haïti (ANH) avec la constitution de l'annexe 3 à Delmas 19[36]. Il s'agit alors d'une unité spéciale et spécialisée de l'institution qui a pour mission et tâche primordiale de procéder à la numérisation de l'ensemble du fonds. Selon le Nouvelliste du 2 janvier 2018, « Les registres de 1793 à nos jours seront numérisés. Les responsables des ANH comptent exploiter toutes les possibilités qu’offre le système numérique. Avec ce programme, plus besoin de manipuler les cahiers de registres. Il entend finir avec la question des certificats négatifs d’acte de naissance, des déclarations tardives, des documents frauduleux et les multiples actes de naissance pour un seul citoyen. «Annexe 3 » tend à résoudre définitivement le problème de l’identité. « Dans les 4 prochaines années, les Archives Nationales d’Haïti seront à même de délivrer les documents à la minute », a déclaré le Directeur-Général des ANH, Jean-Wilfrid Bertrand. Les données seront déjà enregistrées dans le système avant même que les demandes ne soient soumises, a expliqué Jean Wilfrid Bertrand ». Il faut saluer une telle initiative qui répond bien à une exigence de modernité et de gestion du fonds des archives au XXIème siècle. C'est la voie obligatoire et obligée de tous les fonds d'archives de par le monde et en Haïti. Il s'agit d'une évolution globale, nécessaire, inévitable pour tout ce qui concerne le support papier: livres, journaux, documents d'Etat-civil... Même les tickets d'avion ou les billets de banque n'y échappent pas. Un auteur américain spécialiste des sciences de l'information qui deviendra célèbre par la suite, Frederick Wilfrid Lancaster avait annoncé l'avènement de ce processus global depuis l'année 1978 dans son ouvrage déterminant qui s'appelle Toward a paperless information system. Pour notre part, nous souhaitions vivement la réussite des travaux de cette Annexe 3 pour la numérisation progressive du fonds et l'informatisation complète de son processus complet de gestion. C'est un grand pas. C'est un grand progrès. A moment même où nous écrivons ces lignes, le généalogiste Peter J. Frisch vient de publier une importante étude très bien documentée sur la généalogie du Français Malet signataire de l’Acte de l’Indépendance d’Haïti le Ier janvier 1804. Dans article, M. Frisch a souligné les possibilités et ressources des Archives d’Etat civil haïtiennes et mentionné d’autres sources documentaires concernant Haïti comme par exemple « les registres paroissiaux et d’Etat civil de la période coloniale – qui ont été numérisés et mis en ligne sur le site des archives nationales de France section Outre-Mer (ANOM) - et aussi sur le site de l’Association de Généalogie d’Haïti (AGH) qui, depuis 1998, a entrepris de réaliser le relevé systématique de l’état civil haïtien du XIXème siècle, conservé aux Archives Nationales d’Haïti et de les mettre en ligne »[37]. Par la même occasion, M. Frisch nous apprend que « l’Etat civil haïtien, vieux de plus de cent ans, a fait l’objet d’une numérisation depuis quelques années et est aujourd’hui, pour une bonne part, consultable en ligne sur le site de famillesearch. A ces différents fonds, il faut ajouter celui, très riche, conservé à la bibliothèque de l’Université de Floride, Gainesville, connu sous le nom de « Jérémie Papers » »[38].
Dans le domaine de préservation de la mémoire historique, les Archives Nationales d'Haïti (ANH) avaient procédé à une édition du Code Rural du Président Jean-Pierre Boyer avec des commentaires très avisés du Professeur Roger Petit-Frère[39]. Pour les archives historiques, le processus de classement et de mise en ordre se poursuit. La provenance des fonds est établie et des côtes sont assignées aux séries et aux liasses. Cependant, il y a des problèmes d'accès. Pour l'historien Weibert Wien Arthus, « Il n'y a pas une structure qui faciliterait la recherche dans ces archives. La petite salle disponible à cet effet ne peut pas accueillir plus de deux chercheurs en même temps. La structure existante décourage les chercheurs et rares sont les travaux sur l'histoire des relations internationales d'Haïti qui citent des sources venant des archives nationales »[40]. D'autres chercheurs nous ont témoigné de leurs expériences d'utilisation de ces archives. Ils ont insisté sur les problèmes d'accès et des conditions de consultation. Il y a donc des efforts à faire en ce sens. De plus, à notre avis, il manque aux archives historiques haïtiennes des documents de description du fonds comme les répertoires et les guides de consultation. Ce qui pourrait amplement faciliter la recherche historique. En Haïti, d'autres institutions publiques entretiennent des archives. Il s'agit des banques, des Ministères, des Directions techniques, de la Police Nationale d'Haïti (PNH), des hôpitaux, des municipalités, des facultés et l’Université d’Etat d’Haïti. Il en est de même d'institutions privées comme des structures des églises catholiques et protestantes, des écoles ou des universités. En général, les archives des banques sont bien tenues. Il en est de même des archives des évêchés ou des archevêchés de Port-au-Prince ou du Cap-Haitien. Pour de nombreux ministères, exception faite pour le Ministère des Affaires Etrangères[41], les archives ne sont pas bien tenues. Quant aux archives des greffes des Tribunaux, c'est un véritable problème, selon le Professeur Lewis Ampidu Clorméus[42]. L’on pourrait même se demander comment nos greffiers s'y prennent pour s'y retrouver. Le même constat peut être établi pour de nombreuses municipalités. Pour certaines d'entre elles, en effet, les archives n'existent tout simplement pas. Chaque nouvelle administration municipale se retrouve devant le même problème à son installation: on doit tout simplement repartir à zéro. Une question de simple logique se pose alors : comment planifier et assurer le développement d’une commune si l'on ne dispose pas des archives de l'administration municipale précédente? Il faut penser sérieusement à organiser les archives municipales en Haïti. En France, c'est une obligation d'Etat. D'ailleurs c'était l'une des recommandations du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) en Haïti depuis l'année 1997 dans la perspective du renforcement des capacités organisationnelles, administratives et financières de ces entités. Depuis, les municipalités battent de l’aile et des Maires fonctionnent dans l’ignorance totale des aspects fondamentaux de leurs propres communes. Il faut sérieusement penser à organiser les archives des municipalités et confier leur administration à des personnes formées sur la question. Il faut pour cela non seulement des moyens matériels, des équipements de bureau et informatiques, mais également des bibliothécaires, des archivistes formés pour assurer la gestion des fonds et permettre à l'administration communale de prendre de bonnes décisions. Vous imaginez par exemple un problème d'archive dans un hôpital public ou privé? Comment le médecin pourra-t-il intervenir de façon efficace auprès du patient sans avoir en main le dossier médical de celui-ci? Ce sont là de questions éminemment sérieuses si nous voulons procurer un minimum de services à la population dans tous les domaines de la vie publique et sociale et jeter les bases d'un fonctionnement minimal et rationnel des services administratifs du pays. Des écoles, des universités publiques et privées produisent quotidiennement et gèrent des archives. L’historien Roger Gaillard a donné une brillante démonstration de l'utilisation des archives de l'institution Saint-Louis de Gonzague pour établir le parcours académique de l'élève François Borgia Charlemagne Péralte. Les archives d'état civil du Plateau central lui ont éminemment servi pour rédiger la généalogie de la famille Péralte sur plusieurs générations[43]. Les archives sont diverses. Il y a des documents comptables, des procès-verbaux de soutenance de mémoires, des relevés de notes, des palmarès académiques...Il leur faut un bon système de triage et de classement, ainsi que des politiques et pratiques de préservation et de conservation. Dans une université par exemple, il faut un dossier pour chaque étudiant et classer le tout par promotion et par ordre alphabétique rigoureux. Actuellement, avec le développement des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), des logiciels informatiques très puissants permettent de constituer des archives électroniques disponibles dans des bases de données avec des backups pour leur conservation. Les institutions publiques et privées se lancent dans des programmes de numérisation de leurs fonds d'archives et d'information des processus de gestion de ces fonds. En un clic de souris, les documents sont disponibles. Il s'agit d'une grande évolution de la question. Comment se présente la situation actuellement pour Haïti? Nous savons que de nombreuses écoles et Universités ont numérisé leurs fonds et informatisé leur processus de gestion. Des institutions publiques du pays comme les Archives Nationales d'Haïti (ANH) ou la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH) ont entamé le processus. Il faut encourager les autres à le faire. Mais, il y a plus. Je pense qu’il faut la construction de nouveaux immeubles appropriés et pour la Bibliothèque Nationale d’Haïti et pour les Archives Nationales d’Haïti. Car, et nous le répétons fort, sans archives, il n’est point d'administration, ni publique, ni privée. C’est ce qu'avaient bien compris, comme le montrent clairement les pierres écrites de l’Egypte pharaonique déchiffrées par M. Jean-François Champollion[44], ou encore les tablettes cunéiformes de Ninive, et plus précisément les scribes de la Mésopotamie dès l'époque du roi Assurbanipal, c'est-à-dire, plusieurs milliers d’années ... avant notre ère.
Jérôme Paul Eddy Lacoste, Documentaliste,
Responsable académique de la Faculté des Sciences humaines de l’Université d’Etat d’Haïti
Juillet 2024, babuzi2001@yahoo.fr
NOTES
[1] Dans son ouvrage intitulé L’assistance sociale en Haïti 1804-1972, paru en 1972, le Dr. Mathurin Augustin nous dit ceci : « 20 août 1960 : création de la maison des Archives Générales de la République. Cette maison s’est maintenue à travers les temps difficiles et les remous politiques, ce qui lui a valu de perdre beaucoup de documents. Son centenaire en 1960 a été grandiosement commémoré par son dynamique Directeur Laurore Saint-Juste doué d’une profonde érudition acquise au cours de ses nombreux voyages à l’étranger et surtout dans la fréquentation de nombreux établissements similaires bien organisés et richement pourvus d’ouvrages de toutes sortes. Une exposition de la galerie de nos Chefs d’Etat a été en la circonstance offerte au public. C’est le Président Borno qui a placé les Archives dans le local actuel qui était d’abord construit pour l’Hôtel Communal, puis devint un marché, puis désaffecté définitivement ». p. 68.
2 Jean Favier (1965). Les archives. Presses universitaires de France. PUF. Collection que Sais-je. Paris.
3Jean-Price Mars (2013). Ceux d’autrefois. La lutte pour le pouvoir entre Florvil Hyppolite et François Légitime en 1888-1889. Présentation par Michel Soukar. Editions C3, Port-au-Prince, pp. 175-176.
4 Ibid. p. 44.
5 Ibid., p. 44.
6 Ibid, p. 39.
7[1] Ibid., p. 41.
8 Gaëlle Coqueugniot « Coffre, casier et armoire : la Kibôtos et le mobilier des archives et des bibliothèques grecques ». Dans Revue archéologique 2007/2 (n° 44), pages 293 à 304. Disponible sur www.cairn.info. Accédé le 23 juin 2024.
9https://www.universalis.fr/encyclopedie/archives/2-une-histoire-des-archives/ Accédé le 23 juin 2024.
10 Gabriel Naudé (1644). Advis pour dresser une bibliothèque. Présenté à Monseigneur le Président de Mesme. Ed. Rolet le Duc. Paris.
11 Anne Marie Thiesse (2002). « La fabrication culturelle des nations européennes ». Pp. 221-28. In Nicolas Journet (Coord). La culture de l'universel au particulier. Editions Sciences Humaines. Auxerre.
12 Il s'agit ici de l’axe central de la sociologie wébérienne que l’on retrouve dans des ouvrages de Max Weber comme Economie et société (1921) et Le savant et le politique (1919).
13 Kesner Millien. « À propos de l’authenticité de certaines sources de l’Histoire d’Haïti ». Publié le 2018-02 02 lenouvelliste.com
14 Jean Wilfrid Bertrand. « Les Archives nationales d'Haïti : près de deux siècles d'histoire, un nouveau départ ». [Article] Gazette des archives Année 1988 142-143 pp. 25-35
15 Au moment de réviser le texte de cet article, nous avons appris avec douleur l’occupation du Palais de Justice avec toutes ses archives par des gangs armés qui y ont chassé le personnel et les professionnels de la basoche. Nous vivons des temps difficiles. Nous avons contacté le Greffier de cette institution qui avait été notre étudiant et qui nous avait exprimé son affliction et ses inquiétudes pour les documents et archives de grande importance de cette institution. En septembre et en octobre 2022, au cours des manifestations contre la hausse vertigineuse du carburant et les menaces d’intervention militaire contre Haïti, les Tribunaux de Petit-Goave et de Gonaïves ont été pillés et incendiés avec leurs greffes et archives. C’est avec tristesse et douleur que les archivistes, bibliothécaires et documentalistes apprennent de telles nouvelles. Deux années plus tard, la situation de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) et d’autres centres documentaires du pays reste très préoccupante.
16 L’historien Thomas Madiou (1987), en effet nous, communique cette information capitale: « le capitaine-général [Rochambeau], prévoyant que la guerre ne tarderait pas à éclater entre la France et l’Angleterre, et que les communications avec la Métropole seraient bientôt interceptées, ordonna le 8 juin [1903], de former au Port-Républicain [Port-au-Prince] un dépôt général des titres et documents relatifs à St-Domingue, qui devraient être envoyés en France, à la première demande du gouvernement consulaire. Le grand juge nomma le citoyen Bascher archiviste du dépôt, avec un traitement annuel de 8.000 francs. On devrait réunir dans l’établissement les titres relatifs aux immeubles situés dans l’île, les actes de concessions faites aux particuliers par le gouvernement, les plans, les cartes du pays et les fortifications, les comptes de recettes et de dépenses, les anciennes ordonnances, les arrêtés et règlements sur la police, les finances, le commerce, la culture et l’administration civile, judiciaire et militaire, les louis envoyées de France, les règlements publiés à St-Domingue, les documents sur l’histoire, les sciences, les arts. Ces archives seront expédiées pour France avant l’évacuation de l’île par Rochambeau ». Histoire d’Haïti, Tome III 1803-1807. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince, p. 53.
17 Cary Hector et Oliver Gliech. (Coéditeurs). L’historiographie allemande et la Révolution haïtienne : approches récentes. Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Numéros 245-248. Janvier-Décembre 2012.
18Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit.
19 Weibert Wien Arthus. Haïti: Sources de l'histoire des relations internationales.in: Encyclopédie des historiographies: Afriques, Amériques, Asies: Volume 1: Sources et Genres historiques (Tome 1 et tome 2) [en ligne]. Paris: Presses de l'Inalco, 2020. (Généré le 26 juillet 2021. DOI.ORG/10. 4000 / books.pressinalco.25072.
20 Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose. Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29.
21 Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l'Etat et culture politique populaire (1804-1846). Imp. Le Natal, Port-au-Prince, Haïti.
22Leslie F. Manigat (1962). La politqiue agraire du gouvernement d’Alexandre Pétion 1807-1818. Imprimerie la Phalange. Port-au-Prince.
23Sur l’expérience du Gouvernement de Sylvain Salnave, l’ouvrage de M. André-Georges Adam (1982) Une crise haïtienne, 1867-1869 : Sylvain Salnave. Editions Henri Deschamps. Port-au-Prince, fait encore autorité tant pas la documentation que par la méthode d’analyse.
24 Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit,.
25Antoine Fritz Pierre. « Le Palais National de la République d'Haïti ». Publié le 2005-05-12 | lenouvelliste.com
26 Jacques de Cauna. « Bibliographie historique haïtienne 1980-1986 (période coloniale et révolutionnaire) ».
Revue d'histoire d’Outre-Mer. Année 1987 276 pp. 333-350
27 Vergniaud Leconte (1931). Henri Christophe dans l'histoire d'Haïti. Berger-Levrault. Paris.
28 Paul Moral, Op. Cit. p. 29.
29 Ibid.
30 L'expression est des Professeurs Jean Casimir et Michel Hector. Elle sert de titre à l'une de leurs études publiée dans le numéro spécial de décembre 2004 de la Revue Itinéraires du Centre de Recherches Historiques et Sociologiques (CRESHO) de la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'Etat d'Haïti.
31 Le Professeur Roger Petit-Frère nous a quittés le 8 août 2019. Nous honorerons toujours la mémoire de cet enseignant et de ce chercheur, bref de cet haïtien modèle.
32 Le Professeur Michel Hector nous a laissés la même année, le 6 juillet 2019 après avoir enseigné la Méthodologie de l’Histoire à de nombreuses générations d’étudiants de l’Ecole Normale supérieure et de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti. Le Professeur Michel Hector, en plus de ses publications régulières, assurait la présidence de la Société haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie.
33Ce fonds consiste en documents de grande valeur sur Toussaint Louverture et est ouvert aux chercheurs munis de recommandations. Nous avions eu l'occasion de l’inventorier aux cours de nos études en Bibliothéconomie et en Sciences de l’Information à l’université de Porto-Rico. Le Professeur Watson Denis connait très bien ce fonds documentaire.
34 Il faut toujours rappeler que M. Max Bissainthe est l’auteur de l’un des ouvrages les plus importants de la production bibliographique haïtienne. Il s’agit du Dictionnaire de bibliographie d’Haïti publié initialement en 1951 par Scarecrow Press. Avant cette publication, il y a avait le travail de M. Ulrick Duvivier, Bibliographie générale et méthodique d’Haïti, publié deux tomes en 1941.
35 Rapporté par le journaliste Pierre-Raymond Dumas. Dieudonné Fardin, invité d'honneur de Livres en Folies. Le Nouvelliste, 28 mars 2028.
36Op. Cit.
37 Yolande Day. « Annexe 3 », une nouvelle structure des Archives nationales d’Haïti, pour mieux servir la population. Publié le 2018-02-01 | lenouvelliste.com
38 Peter J. Frisch. « Quel Mallet / Malet fut le signataire de l’Acte de l’Indépendance ». Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, Numéros 267-274. Janvier 2018- Décembre 2019. Pp. 113-123. Cet article de M. Frisch a montré les nouveaux développements et perspectives de recherche dans les archives tant en Haïti qu’à l’étranger. Je recommande vivement la lecture de ces numéros de la revue aux étudiants et chercheurs.
39 Ibid.
40Archives Nationales d'Haïti (1992). Code Rural de Boyer (1826). Collection « Les Grands Documents ». Edition Henri Deschamps. Port-au-Prince. Haïti. Le Professeur Roger Petit-Frère, nous le rappelons, nous a laissés le 8 août 2019.
41 Weibert Wien Arthus. Op. Cit.
42L'historien Arthus Wien Weibert a bien expliqué (Op. Cit.), comment ces archives, depuis la loi de 1958 ne furent plus versées aux Archives nationales d'Haïti (ANH), mais bien au Ministère des Affaires Etrangères. En effet, selon l'auteur, « La « Loi sur la carrière diplomatique et consulaire », du 12 septembre 1958, a fait obligation aux chefs de mission de veiller aux archives et bibliothèques de leurs missions qui étaient sous la responsabilité du MAE et non plus des archives nationales ». Il a souligné aussi que ces archives, généralement bien tenues, ont été placées dans des containers après le séisme du 12 janvier 2020 et depuis, ne sont plus accessibles aux chercheurs.
43 Entretien accordé à l'auteur par le Professeur Lewis Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021.
44 Roger Gaillard (1981). Les blancs débarquent: (1915) premier écrasement du cacoïsme. Imp. Le Natal. Port-au-Prince, p. 66-68 et p. 97.
45 Sur Jean–François Champollion, voir l’excellente étude de l’historien Alain Decaux (2019) « Champollion, l’homme qui fit parler l’Egypte »
[1] Jean Favier (1965). Les archives. Presses universitaires de France. PUF. Collection que Sais-je. Paris.
[2] Jean-Price Mars (2013). Ceux d’autrefois. La lutte pour le pouvoir entre Florvil Hyppolite et François Légitime en 1888-1889. Présentation par Michel Soukar. Editions C3, Port-au-Prince, pp. 175-176.
[3] Ibid. p. 44.
[4] Ibid., p. 44.
[5] Ibid, p. 39.
[6] Ibid., p. 41.
[7] Gaëlle Coqueugniot « Coffre, casier et armoire : la Kibôtos et le mobilier des archives et des bibliothèques grecques ». Dans Revue archéologique 2007/2 (n° 44), pages 293 à 304. Disponible sur www.cairn.info. Accédé le 23 juin 2024
[8] https://www.universalis.fr/encyclopedie/archives/2-une-histoire-des-archives/ Accédé le 23 juin 2024.
[9] Gabriel Naudé (1644). Advis pour dresser une bibliothèque. Présenté à Monseigneur le Président de Mesme. Ed. Rolet le Duc. Paris.
[10] Anne Marie Thiesse (2002). « La fabrication culturelle des nations européennes ». Pp. 221-28. In Nicolas Journet (Coord). La culture de l'universel au particulier. Editions Sciences Humaines. Auxerre.
[11] Il s'agit ici de l’axe central de la sociologie wébérienne que l’on retrouve dans des ouvrages de Max Weber comme Economie et société (1921) et Le savant et le politique (1919).
[12] Kesner Millien. « À propos de l’authenticité de certaines sources de l’Histoire d’Haïti ». Publié le 2018-02 02 lenouvelliste.com
[13] Jean Wilfrid Bertrand. « Les Archives nationales d'Haïti : près de deux siècles d'histoire, un nouveau départ ». [Article] Gazette des archives Année 1988 142-143 pp. 25-35
[14] Au moment de réviser le texte de cet article, nous avons appris avec douleur l’occupation du Palais de Justice avec toutes ses archives par des gangs armés qui y ont chassé le personnel et les professionnels de la basoche. Nous vivons des temps difficiles. Nous avons contacté le Greffier de cette institution qui avait été notre étudiant et qui nous avait exprimé son affliction et ses inquiétudes pour les documents et archives de grande importance de cette institution. En septembre et en octobre 2022, au cours des manifestations contre la hausse vertigineuse du carburant et les menaces d’intervention militaire contre Haïti, les Tribunaux de Petit-Goave et de Gonaïves ont été pillés et incendiés avec leurs greffes et archives. C’est avec tristesse et douleur que les archivistes, bibliothécaires et documentalistes apprennent de telles nouvelles. Deux années plus tard, la situation de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) et d’autres centres documentaires du pays reste très préoccupante.
[15] L’historien Thomas Madiou (1987), en effet nous, communique cette information capitale: « le capitaine-général [Rochambeau], prévoyant que la guerre ne tarderait pas à éclater entre la France et l’Angleterre, et que les communications avec la Métropole seraient bientôt interceptées, ordonna le 8 juin [1903], de former au Port-Républicain [Port-au-Prince] un dépôt général des titres et documents relatifs à St-Domingue, qui devraient être envoyés en France, à la première demande du gouvernement consulaire. Le grand juge nomma le citoyen Bascher archiviste du dépôt, avec un traitement annuel de 8.000 francs. On devrait réunir dans l’établissement les titres relatifs aux immeubles situés dans l’île, les actes de concessions faites aux particuliers par le gouvernement, les plans, les cartes du pays et les fortifications, les comptes de recettes et de dépenses, les anciennes ordonnances, les arrêtés et règlements sur la police, les finances, le commerce, la culture et l’administration civile, judiciaire et militaire, les louis envoyées de France, les règlements publiés à St-Domingue, les documents sur l’histoire, les sciences, les arts. Ces archives seront expédiées pour France avant l’évacuation de l’île par Rochambeau ». Histoire d’Haïti, Tome III 1803-1807. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince, p. 53.
[16] Cary Hector et Oliver Gliech. (Coéditeurs). L’historiographie allemande et la Révolution haïtienne : approches récentes. Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Numéros 245-248. Janvier-Décembre 2012.
[17] Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit.
[18] Weibert Wien Arthus. Haïti: Sources de l'histoire des relations internationales.in: Encyclopédie des historiographies: Afriques, Amériques, Asies: Volume 1: Sources et Genres historiques (Tome 1 et tome 2) [en ligne]. Paris: Presses de l'Inalco, 2020. (Généré le 26 juillet 2021. DOI.ORG/10. 4000 / books.pressinalco.25072.
[19] Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose. Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29.
[20] Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l'Etat et culture politique populaire (1804-1846). Imp. Le Natal, Port-au-Prince, Haïti.
[21] Leslie F. Manigat (1962). La politqiue agraire du gouvernement d’Alexandre Pétion 1807-1818. Imprimerie la Phalange. Port-au-Prince.
[22] Sur l’expérience du Gouvernement de Sylvain Salnave, l’ouvrage de M. André-Georges Adam (1982) Une crise haïtienne, 1867-1869 : Sylvain Salnave. Editions Henri Deschamps. Port-au-Prince, fait encore autorité tant pas la documentation que par la méthode d’analyse.
[23] Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit,.
[24] Antoine Fritz Pierre. « Le Palais National de la République d'Haïti ». Publié le 2005-05-12 | lenouvelliste.com
[25] Jacques de Cauna. « Bibliographie historique haïtienne 1980-1986 (période coloniale et révolutionnaire) ».
Revue d'histoire d’Outre-Mer. Année 1987 276 pp. 333-350
[26] Vergniaud Leconte (1931). Henri Christophe dans l'histoire d'Haïti. Berger-Levrault. Paris.
[27] Paul Moral, Op. Cit. p. 29.
[28] Ibid.
[29] L'expression est des Professeurs Jean Casimir et Michel Hector. Elle sert de titre à l'une de leurs études publiée dans le numéro spécial de décembre 2004 de la Revue Itinéraires du Centre de Recherches Historiques et Sociologiques (CRESHO) de la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'Etat d'Haïti.
[30] Le Professeur Roger Petit-Frère nous a quittés le 8 août 2019. Nous honorerons toujours la mémoire de cet enseignant et de ce chercheur, bref de cet haïtien modèle.
[31] Le Professeur Michel Hector nous a laissés la même année, le 6 juillet 2019 après avoir enseigné la Méthodologie de l’Histoire à de nombreuses générations d’étudiants de l’Ecole Normale supérieure et de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti. Le Professeur Michel Hector, en plus de ses publications régulières, assurait la présidence de la Société haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie.
[32] Ce fonds consiste en documents de grande valeur sur Toussaint Louverture et est ouvert aux chercheurs munis de recommandations. Nous avions eu l'occasion de l’inventorier aux cours de nos études en Bibliothéconomie et en Sciences de l’Information à l’université de Porto-Rico. Le Professeur Watson Denis connait très bien ce fonds documentaire.
[33] Il faut toujours rappeler que M. Max Bissainthe est l’auteur de l’un des ouvrages les plus importants de la production bibliographique haïtienne. Il s’agit du Dictionnaire de bibliographie d’Haïti publié initialement en 1951 par Scarecrow Press. Avant cette publication, il y a avait le travail de M. Ulrick Duvivier, Bibliographie générale et méthodique d’Haïti, publié deux tomes en 1941.
[34] Rapporté par le journaliste Pierre-Raymond Dumas. Dieudonné Fardin, invité d'honneur de Livres en Folies. Le Nouvelliste, 28 mars 2028.
[35] Op. Cit.
[36] Yolande Day. « Annexe 3 », une nouvelle structure des Archives nationales d’Haïti, pour mieux servir la population. Publié le 2018-02-01 | lenouvelliste.com
[37] Peter J. Frisch. « Quel Mallet / Malet fut le signataire de l’Acte de l’Indépendance ». Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, Numéros 267-274. Janvier 2018- Décembre 2019. Pp. 113-123. Cet article de M. Frisch a montré les nouveaux développements et perspectives de recherche dans les archives tant en Haïti qu’à l’étranger. Je recommande vivement la lecture de ces numéros de la revue aux étudiants et chercheurs.
[38] Ibid.
[39]Archives Nationales d'Haïti (1992). Code Rural de Boyer (1826). Collection « Les Grands Documents ». Edition Henri Deschamps. Port-au-Prince. Haïti. Le Professeur Roger Petit-Frère, nous le rappelons, nous a laissés le 8 août 2019.
[40] Weibert Wien Arthus. Op. Cit.
[41] L'historien Arthus Wien Weibert a bien expliqué (Op. Cit.), comment ces archives, depuis la loi de 1958 ne furent plus versées aux Archives nationales d'Haïti (ANH), mais bien au Ministère des Affaires Etrangères. En effet, selon l'auteur, « La « Loi sur la carrière diplomatique et consulaire », du 12 septembre 1958, a fait obligation aux chefs de mission de veiller aux archives et bibliothèques de leurs missions qui étaient sous la responsabilité du MAE et non plus des archives nationales ». Il a souligné aussi que ces archives, généralement bien tenues, ont été placées dans des containers après le séisme du 12 janvier 2020 et depuis, ne sont plus accessibles aux chercheurs.
[42] Entretien accordé à l'auteur par le Professeur Lewis Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021.
[43] Roger Gaillard (1981). Les blancs débarquent: (1915) premier écrasement du cacoïsme. Imp. Le Natal. Port-au-Prince, p. 66-68 et p. 97.
[44] Sur Jean–François Champollion, voir l’excellente étude de l’historien Alain Decaux (2019) « Champollion, l’homme qui fit parler l’Egypte » parue dans son ouvrage Histoires extraordinaires, Librairie France-Loisirs, Paris.