Les vaccins anti-coronavirus seraient efficaces « à vie »

Selon une récente étude, la réponse immunitaire des vaccins Moderna et Biontech/Pfizer pourrait durer des années. À une condition cependant.

Les vaccins à ARNm ont été approuvés dans la lutte contre le coronavirus pour la première fois après 60 ans de recherche dans cette technologie. Maintenant ils sont utilisés dans beaucoup de pays. En Allemagne, Biontech/Pfizer (BNT162b2) et Moderna (mRNA-1273) sont les plus utilisés. Dans les études, les deux vaccins ont montré une efficacité d'environ 95 % contre les formes graves de la Covid-19.

Il y a maintenant d'autres nouvelles positives pour les patients vaccinés avec le mRNA. Selon une étude publiée lundi (28 juin 2021) dans la revue « Nature », les vaccins Biontech et Moderna déclencheraient une réponse immunitaire de longue durée. Selon l'article, ces résultats confirment l'hypothèse selon laquelle la plupart des personnes à qui on a administré des vaccins à base de ARNm n'ont pas besoin d'une injection de rappel. À condition que le coronavirus et ses variants ne changent pas de manière significative. Ce qui n'est toutefois pas garanti, selon les scientifiques ayant participé aux travaux de recherche.

« Le fait que les réponses aient duré près de quatre mois après la vaccination est un très très bon signe », explique Ali Ellebedy, l'auteur principal de l'étude, au quotidien américain « New York Times ». Le vaccin de Johnson & Johnson n'a pas été inclus dans l'étude, a-t-il précisé, mais il s'attend à ce que la réponse immunitaire soit moins durable qu'avec Biontech et Moderna.


En mai 2021, une équipe de chercheurs dirigée par Aly Ellebedy, immunologiste à l'université Washington de Saint-Louis, avait déjà constaté que des cellules immunitaires contre le Sars-CoV-2 étaient encore détectées dans la moelle osseuse huit mois après l'infection chez des personnes ayant survécu à la maladie.

Une autre étude a montré que les cellules B dites « à mémoire » restent dans l'organisme pendant au moins un an après l'infection. Sur la base de ces résultats, les chercheurs pensent que l'immunité chez les individus guéris et éventuellement vaccinés pourrait durer des années, voire toute la vie. On ne sait toujours pas si la vaccination seule est responsable d'un tel effet, précise-t-on.


Après une infection ou une vaccination, une structure spécialisée se forme dans les ganglions lymphatiques : le centre germinatif, expliquent les scientifiques. « Cette structure est à la base des cellules B (lymphocytes B ou centroblastes), qui forment des anticorps contre les virus. Plus ces cellules B restent longtemps dans l'organisme, plus elles peuvent réagir efficacement aux variantes virales », indiquent-ils. L'équipe du Dr. Ellebedy a constaté que 15 semaines après la première dose de vaccin, le centre germinatif était toujours très actif chez les quatorze participants. Et le nombre de cellules mémoires ayant reconnu le coronavirus n'avait pas diminué.

Il explique que l'activité des centres germinatifs atteint généralement un pic deux semaines après l'immunisation et diminue ensuite. « Habituellement, après quatre à six semaines, il ne reste plus grand-chose », a précisé de son côté Deepta Bhattacharya, immunologue à l'université d'Arizona, au journal new-yorkais. Les centres germinatifs stimulés par les vaccins à ARNm ont à peine diminué des mois après la vaccination. La plupart des informations dont disposent les scientifiques sur la persistance de ces centres spéciaux sont basées sur des expériences faites sur les animaux, a déclaré Bhattacharya. La nouvelle étude est la première à montrer ce qui se passe chez l'homme après une vaccination, a-t-il ajouté.

« Piqûre de rappel seulement pour les personnes âgées »
Selon l'étude, une vaccination de rappel est nécessaire pour les personnes sous traitement de longue durée et les personnes âgées dont le système immunitaire est faible et qui dépendent de médicaments. Ceux qui ont survécu à la Covid-19 et reçu le vaccin anti-SARS-CoV2 n'en auront probablement jamais besoin.

Le groupe de recherche d'Ellebedy fait remarquer qu’il est difficile de prévoir la durée exacte de la protection conférée par les vaccins à ARNm. Une chose leur semble être sûre : l'immunité pourrait théoriquement durer toute une vie, sans les variants actuellement connus. Mais il se trouve que le virus continue clairement à évoluer : après les « descendants » évolutifs sud-africain, anglais, brésilien, breton, c’est le delta « indien » qui fait des ravages.

Mais pour ce qui est des effets des vaccins sur les nouveaux variants, une étude britannique publiée début juin dans la revue « The Lancet » indique que l'ingrédient actif de BioNTech a donné les meilleurs résultats. Ce vaccin empêcherait, deux semaines après la deuxième dose, une évolution grave de Covid-19 dans 96 % des cas. Il éviterait à 88 % la Covid-19 elle-même. Mais la protection est nettement plus faible avec une seule vaccination : après la première dose, il protégerait qu’à 32 %

Les personnes qui bénéficient d'une protection vaccinale complète avec AstraZeneca sont, elles-mêmes, protégées à 60 % contre la variante delta. La vaccination avec la préparation de l'entreprise pharmaceutique britannico-suédoise prévient les formes graves de la maladie dans une proportion de 92 %. « Cela signifie que même en cas d'infection par la variante delta, les personnes complètement vaccinées sont très certainement protégées contre les affections nécessitant une hospitalisation ou autre ». L’espoir est donc permis, tout au moins de ce côté-là.

Huguette Hérard

NDLR :
(1) Sources : Nature, New York Times, ntv.de, mba, Frankfurter Rundschau.
(2) Les molécules d'ARN messager (ARN pour acide ribonucléique) dans les cellules vivantes remplissent une fonction de support intermédiaire de l'information contenue dans l’ADN (gènes). Elles sont formées par la transcription de gènes de l'ADN dont elles sont une copie (« Psychomédia », 10 août 2014).

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES