Sans un centime de l’État haïtien, la population de Bayonnais construit un pont évalué à 17 millions de gourdes

Piloté en sept mois par les Ingénieurs sans frontières basés aux États-Unis, le pont en béton à Ravine-à-Couleuvres, Bayonnais, 3e section de Gonaïves, doit désenclaver ladite section communale, l’un des greniers de la commune de l’Estère. Inauguré le vendredi 28 juin 2019, cet ouvrage, qui a coûté 17 millions de gourdes, est le résultat d’un projet envisagé en 2006 par la population et quelques amis étrangers jusqu’au 3 décembre 2018, date de la pose de la première pierre.
Le président de lOrganisation de la force chrétienne de Bayonnais (OFCB), Actionnel Fleurisma, a inauguré en grande pompe le pont à Ravine-à-Couleuvres (sud de Bayonnais). Ce pont, dont le coût est estimé à environ 17 millions de gourdes, permettra non seulement de fluidifier les transports, mais encore il permettra aux paysans découler leurs produits en toute quiétude même en période des saisons pluvieuses, a déclaré M. Fleurisma.
Dans une interview accordée au journal Le National, lui et Wallace Manassé, le représentant du Conseil dadministration de section communale (CASEC) de Bayonnais, ont conjointement confirmé que laboutissement dun tel projet est le fruit de la population. «Sans un centime de lÉtat haïtien, disent-ils, la population de Bayonnais et quelques amis étrangers ont collecté 17 millions de gourdes pour la construction de ce pont».
Avec un minimum de 25 gourdes, M. Manassé rapporte que la population de Bayonnais (en Haïti et ailleurs) a collecté un montant de 4 millions 320 mille 971 gourdes, soit un pourcentage de 26%. Et quelques amis de lextérieur ayant lhabitude de fréquenter la route, ont décaissé, quant à eux, 12 millions 146 mille 850 gourdes qui représentent 74%.
En plus, ces amis de lextérieur ont choisi de mettre leurs compétences aux services de la population, ajoute Actionnel Fleurisma. « Ce sont eux qui ont décidé délaborer le plan architectural jusquà lexécution du projet», a-t-il souligné. Toutefois, M. Fleurisma et M. Manassé précisent que le Député des Gonaïves, Guy Jacob Latortue, a contribué à 50 mille gourdes (pour le pont), et le Maire principal de la commune, Neil Latortue, 100 mille gourdes ayant servi à réhabiliter un tronçon de route. « Ils ont donné une participation citoyenne, pas au nom de l'État haïtien », indique le président de l'OFCB.
Ce pont, qui compte une seule voie, mesure 6,30 m de large, 28 m de long et 1,22 m de profondeur pour les tranchées, selon les informations fournies par lIngénieur Kénold Décimus. Pour garantir sa solidité aux véhicules et aux piétons qui vont lemprunter, Ingénieur Décimus informe que le pont repose sur 8 pieux dont 2 culées et 6 appuis intermédiaires et un soubassement de 1,5 m et un radier de 30 cm.
Environs 250 mètres cubes de béton ont été utilisés pour toute la structure, a ajouté Ing. Iverner Pierre. Un chantier qui, selon Kénold Décimus, a mobilisé plus de 1 000 personnes [comme main duvres]. Contrairement à ce que prônent les profanes, les dirigeants de lOFCB expliquent que cet ouvrage, qui respecte tous les normes, a une garantie de 100 ans.
« Le choix de la Ravine-à-Couleuvres nest pas un hasard. La population de Bayonnais fréquente plus souvent le marché de lEstère; les professeurs qui forment les jeunes de la section viennent des Gonaïves et passent par là. Or la situation de cette passerelle était lamentable », a expliqué le rév. Fleurisma.
« Certes, lÉtat haïtien nexiste pas à Bayonnais. Mais je ne peux rester les bras croisés. Je mimplique, car je ne veux pas quitter ce pays à mes enfants et aux Bayonnaisiens», a-t-il assuré. Il croit que lÉglise comme institution sociale a pour mission de former, daider et de transformer ce qui est mauvais autour delle. « On na pas besoin dêtre le locataire du Palais national, de la Primature, etc. pour améliorer la vie des gens démunis», a conclu Actionnel Fleurisma regrettant labsence de bon nombre de services aux Gonaïves, dont lécole professionnelle et universités de référence.
À part de ce pont, 3 à 4 kilomètres de routes ont été construits en terre battue toujours sous linitiative de lOFCB, une organisation reposant sur 5 grands piliers: éducation, évangélisation, santé, économie et infrastructure. « Comme dautres projets en cours, la population et OFCB construiront sous peu un autre pont sur cette même rivière et réhabiliteront un tronçon de route représentant un véritable danger pour la population en cas de crue », a promis Kénold Décimus.
Selon lInstitut haïtien de statistique et dinformatique (IHSI), Bayonnais possède plus de 14 mille personnes étant en âge de voter aux élections. « Étant donné que louvrage nest pas le fruit des autorités haïtiennes, certaines dentre elles ont mené plusieurs tentatives afin de bloquer le projet», a confié Actionnel Fleurisma. « Elles estiment quelles perdront un capital politique vue quelles nexécutent pas le projet », a opiné M. Fleurisma qui condamne cette pratique de politicaillerie.
Déjà carton rouge à la main, la population promet dexpulser bon nombre dautorités et/ou de candidats de la pelouse lors des prochaines joutes électorales à cause des promesses non tenues.
Wilner Jean
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